Pénurie de carburant : il s’agit d’un problème de livraison, selon David Turnier, président de l’ANADDIP
3 min readDepuis plusieurs jours, il y a une pénurie des produits pétroliers dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Les stations d’essence ferment leurs portes. Et le carburant se fait rare, une fois de plus sur le territoire national. Contacté par le journal Le Quotidien News ce mercredi 15 juin 2022, David Turnier, le président de l’Association Nationale des Distributeurs des Produits Pétroliers (ANADIPP) a fait savoir, entre autres, qu’il s’agit d’un problème dans la livraison auquel sont confrontées les stations-service.
La pénurie de carburant est devenue récurrente en Haïti. Il est difficile de passer un semestre sans qu’il n’y ait pas une crise liée au carburant. Et aujourd’hui encore, c’est le cas. Les pompes à essence, en grande majorité, ne fonctionnent plus. À cela, il y a une explication, à en croire David Turnier, président de l’Association Nationale des Distributeurs des Produits Pétroliers (ANADIPP): « Les stations d’essence ferment leurs portes parce qu’elles passent des commandes à des compagnies pétrolières comme Dinasa, Bandari, Capital, Kimazou et DNC qui, quant à elles, pour une raison ou une autre refusent de livrer le carburant aux stations-service», indique le président de l’ANADDIP en soulignant que les stations d’essence ne fonctionnent pas, juste par manque de produits pétroliers.
En ce qui concerne la crise de carburant elle-même, elle a commencé sous l’administration de Jovenel Moïse. Ce problème persiste dans le pays depuis environ deux ans. À chaque fois que la pénurie de carburant refait surface, on essaye d’apporter des éléments de solution à courte durée sans réellement tenter de résoudre le problème en profondeur une bonne fois pour toutes. « Le problème de la pénurie d’essence est un problème d’offre et de demande, il s’agit d’un problème économique dans lequel intervient la politique car l’essence est le seul produit en Haïti où le prix de vente et le prix d’achat sont fixés par l’État», explique le responsable de l’Association Nationale des Distributeurs des Produits Pétroliers.
Ils sont nombreux ceux et celles qui pensent que cette pénurie de carburant constatée sur le marché local est une astuce utilisée par les autorités pour augmenter le prix des produits pétroliers en Haïti. Cet avis n’est pas partagé par David Turnier. « Non ! Je ne le crois pas », affirme-t-il.
À chaque fois qu’il y a une pénurie d’essence en Haïti obligeant les stations à fermer leurs portes, il y a souvent, parallèlement, un autre « marché » que certaines personnes utilisent pour vendre du carburant dans des récipients, des gallons et ce, à proximité de certaines stations de pompe à essence. « Il y a des distributeurs malhonnêtes qui essayent de profiter de cette situation. Ils ont des prêts à rembourser et des employés à payer ; alors qu’il faut un mois de travail habituellement pour s’acquitter de ces charges, ils peuvent y parvenir en seulement 7 jours par ce moyen», a fait remarquer M. Turnier.
Le problème de carburant auquel fait face le pays presque régulièrement doit être résolu de manière définitive, pense plus d’un. Selon M. Turnier, pour arriver à cela, il faut mettre la politique à l’écart. « Il faut mettre la politique à l’écart de tout ce qui concerne les produits pétroliers. Cependant, cela ne veut pas dire que l’État cessera de s’intéresser de près aux produits pétroliers, mais ce n’est pas comme cela se fait en ce moment où l’État met beaucoup plus d’argent pour les consommateurs que l’argent dépensé par les acheteurs pour acheter un gallon de carburant», précise M. Turnier. « Les prix des produits pétroliers en Haïti doivent être variés en fonction des prix en cours sur le marché international», estime-t-il.
Jackson Junior Rinvil