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Plus de 500 000 enfants vivant dans des quartiers contrôlés par les gangs armés ont du mal à accéder à l’éducation, alerte Volker Türk

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Le  Haut-Commissaire des Nations Unies, Volker Türk, lors du bilan de sa visite officielle en Haïti qu’il a fait le vendredi 10 février 2023, tire la sonnette d’alarme sur la violation  systématique des droits de l’Homme en Haïti, particulièrement concernant le droit des enfants. Ils sont plus de 500 000 enfants vivant dans les quartiers contrôlés par les bandes armées qui ont du mal à accéder à l’éducation, a fait savoir Volker Türk.

La violation des droits de l’Homme en Haïti est systématique. Celle-ci, déjà critique en situation normale, a tendance à s’aggraver au fil des jours car les autorités peinent à réagir face aux problèmes à partir desquels elle découle. Par conséquent, les bandes armées imposent leur loi. « Les gangs contrôlent désormais une partie de la capitale, mais se répandent également dans le centre et le nord du pays, comme dans les départements de l’Artibonite et du Nord », souligne le Haut-Commissaire des Nations Unies, Volker Türk, estimant au nombre de 200 les gangs armés qui opèrent sur toute l’étendue du territoire national. Et cette situation a des conséquences.

Selon Volker Türk, « plus de 500 000 enfants vivant dans des quartiers contrôlés par les gangs ont du mal à accéder à l’éducation et nombreux d’entre eux ont subi de graves violences ».

Le Haut-Commissaire des Nations Unies estime que la situation en Haïti trouve peu d’attention à l’échelle internationale. « La situation en Haïti ne reçoit pas l’attention urgente qu’elle mérite », affirme-t-il en martelant que le monde a besoin d’entendre ce dont il est témoin dans l’une des pires situations de pauvreté et de terreur au monde.

Il poursuit en affirmant que c’est « une capitale où, dans de nombreux quartiers, des bandes armées prédatrices contrôlent l’accès à l’eau, à la nourriture, aux soins de santé et au carburant, où les enlèvements sont monnaie courante, où les enfants sont empêchés d’aller à l’école, où ils sont recrutés pour perpétrer des violences et où ils les subissent. Un pays où une personne sur deux est confrontée à la faim, vit dans une extrême pauvreté et n’a pas d’accès régulier à l’eau potable. Où les prisonniers meurent de malnutrition, de choléra, et autres ».

Cependant, le Haut-Commissaire des Nations Unies identifie quelques problèmes majeurs qui empêchent les autorités locales d’éradiquer les problèmes liés à la violation des droits de l’Homme en Haïti. « Le manque de ressources et de personnel dans les forces de police, associé à une corruption chronique et à un système judiciaire faible, font que l’impunité est un problème central depuis des décennies maintenant », affirme-t-il.

La situation en Haïti est désespérée, constate M. Türk. Cependant, il y a des possibilités de renverser la donne, dit-il. Pour libérer le potentiel de changement profond, le Haut-Commissaire des Nations Unies demande aux élites politiques et économiques de surmonter leur indifférence à l’égard de la souffrance de la majorité. « Elles doivent faire en sorte que ce soit le peuple haïtien qui exerce le pouvoir. J’ai appelé les autorités à poursuivre un dialogue inclusif en se fondant sur l’accord national du 21 décembre pour trouver une solution durable à la crise multidimensionnelle que traverse Haïti, notamment par l’organisation rapide d’élections libres et transparentes pour la restauration des institutions démocratiques », indique-t-il.

Avec le climat sécuritaire actuel, il va être difficile de réaliser des élections libres, crédibles et démocratiques. Pour rétablir l’ordre et la paix dans le pays, la Police Nationale d’Haïti (PNH) aura besoin du soutien de la communauté internationale, selon plus d’un. Et c’est également l’avis du Haut-Commissaire. « La Police Nationale d’Haïti a besoin d’un soutien international immédiat et coordonné, à la hauteur des enjeux, pour renforcer sa capacité à répondre à la situation sécuritaire d’une manière conforme à ses obligations en matière des droits humains », a-t-il déclaré. « Je demande également à la communauté internationale d’envisager d’urgence le déploiement d’une force d’appui spécialisée dans des délais précis, dans des conditions conformes aux lois et normes internationales relatives aux droits humains, avec un plan d’action complet et précis » a-t-il ajouté soulignant que ce déploiement doit s’accompagner d’un rétablissement rapide et durable des institutions publiques dans les zones exemptes de gangs, ainsi que d’une réforme profonde du système judiciaire et pénitentiaire ».

Eu égard au régime des sanctions, le Haut-Commissaire des Nations Unies estime que c’est une première étape importante. Néanmoins, il doit s’accompagner de la traduction en justice des auteurs de ces crimes, précise-t-il.

Afin de rétablir l’ordre public et la sécurité en Haïti, il faut contrôler le trafic illicite d’armes, pensent certains. Pour y arriver, le Haut-Commissaire des Nations Unies propose une solution. « Il est tout aussi important de renforcer la coopération internationale pour accroître les contrôles aux frontières afin de mettre un terme au commerce et au trafic illicites d’armes », dit-il en soulignant que l’engagement international doit être abordé avec humilité, avec la participation constante et active du peuple haïtien et avec un regard constant sur les plus vulnérables.

Crise migratoire : Volker Türk en parle

Selon ses dires, 176 777 migrants haïtiens ont été rapatriés en Haïti l’année dernière. À cet effet, il souligne  que le droit international interdit le refoulement et les expulsions collectives sans évaluation individuelle de tous les besoins de protection avant le retour.

Il importe par ailleurs de préciser que, durant sa visite officielle en Haïti, le Haut-Commissaire des Nations Unies s’est entretenu avec les membres du Gouvernement, dont le Premier Ministre Ariel Henry. Des rencontres de sa part ont eu lieu avec des victimes de violation des droits humains à Port-au-Prince. Il a effectué par la suite une visite dans le Nord du pays, particulièrement dans le Nord-Est où il a rencontré des autorités locales et certaines organisations de la société civile.

Les propos d’Ariel Henry en la circonstance

« J’ai eu, ce matin, une importante rencontre de travail avec le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits humains, M. Volker Türk, autour de la situation des droits de la personne, en présence des ministres des Affaires étrangères et de la Justice », peut-on lire sur le compte Twitter du Chef du Gouvernement haïtien, Ariel Henry, le 8 février.

« Nous avons fait part au Haut-Commissaire des initiatives du Gouvernement en matière des droits humains, dont le dialogue national, la création d’un environnement propice pour l’organisation des élections, le renforcement du système judiciaire, la réduction de la détention préventive », a-t-il ajouté.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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