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Près d’un tiers du territoire national est contrôlé par des gangs armés, selon FJKL

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Les événements  sanglants qui ont entaché le mois de mai au centre-ville de Port-au-Prince en particulier ceux qui se sont produits du 24 au 26  mai au Pont-Rouge n’ont pas manqué d’attirer l’attention de la Fondasyon Je Klere (FJKL). Selon un rapport rendu public le lundi  22 juin 2020,   par cette organisation de défense des droits humains, ces attaques seraient l’œuvre des gangs supportés par le pouvoir Tèt Kale qui cherche désespérément à se renouveler en utilisant la terreur dans les quartiers populaires afin de faire main basse sur les prochaines élections.

A travers ce rapport de 15 pages, titré « Terreur dans les quartiers populaires / Pont Rouge au cœur d’une stratégie électorale macabre : La Fondasyon Je Klere (FJKL) tire la sonnette d’alarme » et publié le lundi 22 juin 2020, l’organisation a fait savoir que les événements qui se sont déroulés dans la zone de Pont Rouge les 24, 25 et 26 mai 2020 n’étaient pas des faits isolés. Ils s’inscrivent plutôt dans le cadre d’une stratégie du pouvoir en place visant à contrôler, par la peur, Pont Rouge et les zones avoisinantes réputées anti- Tèt Kale dans la perspective des prochaines élections. « Pont Rouge est donc au cœur d’un choix politique macabre. Il doit être basculé dans le camp du pouvoir ou réduit au silence avant la date fatidique du 17 octobre 2020, date de la démonstration de force du président. La commune de Cité Soleil dont Pont Rouge, Delmas et les 3 circonscriptions de Port-au-Prince sont au cœur de ce choix politique macabre, mais le signal devait être donné au Pont Rouge. Tel est le mobile des crimes perpétrés à Pont Rouge », lit-on dans le document.

D’après la FJKL, le contrôle de ces quartiers occupe une place dans cette stratégie en raison de l’importance de leur électorat.« Les axes : Delmas 2-Delmas 24, Cité Soleil – Pont Rouge, La Saline-Tokyo, Ruelle Mayard au Bel-Air représentent indéniablement une grande force mobilisatrice. Si ces axes sont contrôlés par le pouvoir à travers le G-9 et alliés, le pouvoir peut mettre en échec ceux qui voudront contester par la rue les décisions importantes en fin d’année dans la perspective de se renouveler et faciliter le retour au pouvoir de Martelly par des élections truquées tant au niveau du pouvoir législatif, local que présidentiel », analyse la Fondasyon Je Klere qui a signalé que près d’un tiers du territoire national est contrôlé par des gangs.

Ainsi, pour atteindre leur fin, d’après les informations communiquées par la fondation, certaines autorités utilisent les services des différents gangs qui se rejoignent autour une même mission, celle de neutraliser les quartiers populaires et d’autres zones du pays. « L’exemple des élections gagnées par la violence et la fraude et validées en 2015 ne laisse pas le pouvoir insensible. Et c’est pourquoi le pouvoir est associé à la formation du G-9 » explique le rapport.                       

Le G-9, a fait savoir la Fondasyon Je Klere, est composé de neuf chefs de gang qui contrôlent des territoires spécifiques. Ils ont aussi des alliés. Il s’agit de : Jimmy CHERIZIER alias Barbecue (Delmas : 2-24) ; Serge ALECTIS alias Ti Junior, Nan Chabon, la Saline ; Andris Iscard alias Iska, Belecourt ; James ALEXANDER alias Sonsonn , Baz Krache Dife, rue Saint-Martin/Rue Porcelaine (derrière Lacroix) ; Christ-Roy CHERY alias Krisla, Nan Ti bwa, Martissant, Fontamara ; Jean Emilio MICANOR, Waf Jeremi ; Coby, Chancerelles ; Mackenson, Pont Rouge ; Desange ROMANE alias Déporté (Delmas 2/Tokyo) ; Base Pilate (une nébuleuse de policiers/ Ezechiel Alexandre, 11-PP-0689) ; Jonès, Terre Noire ; Manilo, La Saline ; Djouma Albert, Simon Pelé ; Jude, Fort Dimanche ; Mathias SAINTIL, Boston Cité Soleil.

« La première étape pour cette coalition c’est de parvenir à l’unification des gangs des quartiers populaires de l’Ouest. Ensuite, elle va tenter d’en faire de même avec ceux des autres départements/et ou communes tels : le gang de 400 Mawozo dans la zone de Ganthier dirigé par Joseph Wilson alias Lanmò 100 jou, le gang d’Odma LOUISSAINT à Savien (anti pouvoir) dans l’Artibonite dont les affrontements avec les gangs de Barrage et de Jean Denis (pro-pouvoir) dirigé par un certain Ti Mépris, devenu homme lige de l’ex Député Profane Victor, font fuir les habitants de ces localités, situation qui rend impossible l’organisation d’élections dans le bas Artibonite », a informé le rapport qui fait aussi mention de l’existence de gangs soutenus par l’opposition à Jovenel Moise.

Plus loin dans ce rapport, l’organisation de défense des droits humains,  a indiqué que l’occupation d’un territoire par ces gangs entraine pouvoir, privilèges et argent. « Les chefs de gang exercent sur les territoires qu’ils contrôlent de véritables pouvoirs étatiques. Ils font payer les impôts, l’électricité, les places dans les marchés publics, les chauffeurs des camions de transports publics, les candidats pour leurs meetings et l’affichage de photos ou affiches publicitaires. En outre, ils rançonnent les commerçants/petits détaillants, les hommes d’affaires, les politiciens », détaille la FJKL. Le rapport poursuit en disant que les gangs «  volent, détournent des camions de marchandises et réalisent des actes de kidnapping. Bien plus, Ils travaillent comme agents de sécurité rapprochée de certains élus et certains fonctionnaires de l’État, font placer leurs proches dans certaines administrations communales et bureaux de certains parlementaires sans compter le fait qu’ils exécutent certains projets sociaux grâce à l’appui d’organisations non gouvernementales (ONG), de certains hommes d’affaires et des pouvoirs publics ». 

L’organisme de droits humains a aussi rappelé que les crimes commis  par les gangs proches de pouvoir les 24, 25 et 26 mai dernier au Pont Rouge aurait fait 6 morts,  3 personnes portées disparues, 24 mai Ti Joël a enlevé par les hommes de Barbecue, le 25 mai Panès et Ti Roy ont été interceptés par Djouma. Les hommes de ce dernier ont mis le feu à 7 maisons sans compter des maisons préfabriquées du camp des sourds-muets, a fait savoir la Fondasyon Je Klere en signalant que ce bilan demeure malgré provisoire. La tension qui règne encore dans ces quartiers, l’incinération des cadavres par les bandits n’ont pas facilité l’enquête à ce niveau, explique-t-elle dans ce document.

« Si le plan aboutit, Haïti sera officiellement et légalement un Etat voyou, un ordre public assassin. Et les droits humains continueront à être massivement et systématiquement violés », conclut la FJKL qui enjoint les citoyens à barrer la route à l’actuelle équipe dans la mise à exécution dudit plan. FJKL a aussi proposé en fin de rapport, de mettre sur pied une commission d’enquête indépendante assistée du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme qui fera le jour sur le phénomène de la criminalité qui affecte le pays en général et les quartiers populaires en particulier.

Marc Andris Saint-Louis

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