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Quelles stratégies de mobilisation de ressources pour l’éducation en situation d’urgence en Haïti? 

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C’est autour de ce thème que le webinaire du Réseau Inter-agences pour l’Éducation en Situations d’Urgence (INEE) a été organisé le 17 janvier dernier. En effet, en Haïti, il y a urgence. Il y a urgence de réfléchir et d’agir pour un système d’éducation nationale adapté aux crises humanitaires, sociales et politiques auxquelles fait face le pays.

Le Point Focal Pays de l’INEE en Haïti est cette instance qui contribue à promouvoir l’éducation en tant qu’un droit humain garanti pour tous, enfants, jeunes, adultes, sans aucune discrimination. À cet effet, les responsables de cette instance en Haïti  ont pris l’initiative d’organiser un webinaire en ligne, le 17 janvier dernier. Ce webinaire avait pour  objectif de poser de pertinentes interrogations sur la mobilisation de ressources humaines et matérielles pour permettre la réalisation de progrès sensibles en matière d’éducation en Haïti, malgré la situation de crise permanente qui sévit dans le pays.

Plusieurs professionnels en éducation et en gestion de situation de crise y ont pris part. Selon la définition donnée par le glossaire de l’INEE, l’éducation en situation d’urgence fait référence à tout cycle scolaire perturbé par un événement externe. Dans le cas d’Haïti, il est clair que cela est vrai sur divers points. D’ailleurs, depuis quelques années, les cycles scolaires sont déséquilibrés et bouleversés  soit par des événements naturels (cyclone, séisme…), soit par des événements politiques et sociaux comme les « pays locks », les pénuries récurrentes de carburant ou encore la recrudescence des activités des bandits armés.

Alors, il est essentiel de trouver une issue à ces crises qui semblent être partie intégrante du quotidien haïtien. Les premières victimes, fort souvent, sont les institutions scolaires. Par ailleurs, les points importants à retenir pour tenter de maximiser les performances des élèves et de faciliter l’apprentissage de ces derniers malgré  les crises persistantes sont: d’abord, le renforcement de l’éducation au niveau de l’État. Ce dernier doit prendre ses responsabilités et garantir un cadre favorable à l’apprentissage de tous les enfants scolarisables. En ce sens, l’État doit également s’impliquer dans la gestion de la stabilité institutionnelle générée par des crises sociopolitiques récurrentes.

L’État doit s’assurer d’établir un environnement social favorable aux enfants issus des groupes marginalisés. Dans l’état actuel des choses, avec la montée de l’insécurité, les personnes forcées de quitter leurs demeures à cause des gangs, les écoles obligées de fermer à cause de certaines zones devenues des zones de non-droit, il faut un regard particulier et poser des actions bénéfiques pour ces groupes de réfugiés. Selon les intervenants, il faudrait mettre en place des programmes de soutien et des fonds d’urgence  pour ces familles et ces enfants tout en créant des écoles spéciales pour assurer la formation  même si ce n’est que provisoire.

Le plus important encore, est de former les personnels éducatifs sur la gestion des classes et des enfants en temps de crise. En d’autres termes, ces derniers doivent être imbus des notions de base pour pouvoir faire face aux potentiels traumatismes psychiques dont les enfants feront face après une catastrophe naturelle ou un événement d’ordre social ou politique majeur. Les professeurs et accompagnateurs doivent avoir la capacité d’inculquer convenablement les connaissances nécessaires aux élèves même en situation d’urgence car l’instruction ne peut pas attendre, même en temps de guerre!

Ces derniers jours, l’urgence est devenue l’un des termes les plus courants dans le vocabulaire haïtien. Il faut donc agir selon l’état des choses. Les temps l’imposent. Pourtant, le pays n’est pas en guerre sinon qu’il fait la guerre avec lui-même. D’ailleurs, plus récemment, durant l’année académique 2022-2023, la réouverture des classes a dû se faire en urgence, vers la fin du mois de novembre  afin de sauver l’année scolaire. La situation en Haïti va de mal en pis. En effet, il y a urgence à réfléchir et à penser pour une éducation véritablement adaptée à la conjoncture actuelle !

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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