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Rose Kenya Joseph, la carreleuse qui fait son métier avec art

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Depuis cet excellent reportage signé Peterson Luxama  sur les ondes de la RTVC, le nom de Rose Kenya Joseph est sur toutes les lèvres. Âgée de vingt-cinq ans, cette jeune carreleuse exploite bien sa débrouillardise, au-delà des boutades. La rédaction de Le Quotidien News part à la rencontre de cette vaillante femme.

Avec un sourire courtois montrant son caractère extraverti, Rose Kenya accorde à la rédaction cet entretien dans lequel elle retrace son parcours avec une modestie incroyable. Infirmière, animatrice, carreleuse et entrepreneure, elle fait montre par ses multiples casquettes d’une débrouillardise incommensurable.

Âgée de 25 ans, elle a pris naissance à Carrefour dans une famille nucléaire de foi chrétienne. Malgré les prédictions médicales mettant en cause sa capacité d’apprendre, Rose surprend sa famille dès sa petite enfance en étant la lauréate de sa promotion. Un jackpot qui en épate plus d’un. Elle poursuit, à l’école Le paradis des enfants, ses études primaires avant de s’inscrire au Collège Adventiste de Diquini où elle termine ses études classiques.

Rose avoue qu’elle admirait, dès son jeune âge, les travaux manuels de son père électricien et plombier. C’est ce qui, vraisemblablement, l’aura amenée plus tard à exercer le carrelage. Mais avant cette expérience, elle décide d’apprendre l’animation télé à Maurice Communication.

« Toute jeune, j’avais des aptitudes en communication et on sollicitait mes services pour animer des cérémonies en tout genre, explique-t-elle. Je pensais en effet que je pouvais exceller en animation, je me suis donc inscrite à Maurice Communication », affirme Rose Kenya qui a l’étoffe d’une grande oratrice.

Ensuite, sa passion pour la médecine va l’orienter vers l’École Nationale des Infirmières de Port-au-Prince pour entamer une autre carrière. « En fait, j’ai toujours rêvé de faire de la médecine. Malheureusement je n’ai pas eu l’opportunité d’intégrer une faculté de médecine, dit la diplômée en sciences infirmières. C’est pourquoi, je me suis intéressée aux sciences infirmières afin de pouvoir soigner les gens comme j’aime le faire », poursuit Rose qui attend de fournir son service social.

Une infirmière dans une salle de carrelage constituée majoritairement d’hommes

« On devait poser plusieurs céramiques chez moi et pour cela il fallait payer quelqu’un qui s’y connait en la matière. D’autant que  cela coûte cher. Du coup, je me suis convaincue que je pouvais le faire moi-même », raconte Rose Kenya qui s’est inscrite au Centre de formation professionnelle polyvalent de Carrefour où elle a appris le carrelage.

C’est ainsi qu’elle se retrouve seule dans un espace où prédomine la présence masculine. « Je savais que c’était un métier largement exercé par des hommes. Cela n’implique pas toutefois qu’il n’est pas possible aux femmes de le pratiquer également. À mon avis, il n’y a pas de professions de femme, ni des métiers d’homme », insiste la carreleuse.

Malgré les stéréotypes qui entachent ce métier, Rose Kenya s’adonne passionnément à son exercice. « Cela me fait du bien quand j’admire les schémas des céramiques bien posées dans une salle », enchérit la jeune débrouillarde qui partage à présent les contrats avec son père.

Une entrepreneure dans l’âme

La carrefouroise de vingt-cinq ans, Rose Kenya Joseph, fuit l’oisiveté en se montrant très active dans tout ce qu’elle entreprend. Elle dit ne pas être du genre à rester les bras croisés comme une paresseuse. « Je m’ennuie quand je ne fais rien. Je cherche toujours à accomplir une tâche, à faire quelque chose qui me soit utile ou qui puisse être bénéfique à la communauté », déclare la PDG de Kenn.

« Kenn est une entreprise de transformation des produits agricoles comme le manioc, le fruit à pain, la pomme de terre, l’acamil, entre autres, en farine », précise Rose Kenya qui investit également dans la vente des produits alimentaires. Par-là, elle prouve que, malgré ses multiples professions, elle ne se limite à rien et cherche toujours à gagner de l’argent.

En outre, Rose Kenya dispose d’une pharmacie, Kenn Pharma, qu’elle a inaugurée dans son quartier en dépit de ses maigres ressources. Cette pharmacie qu’elle gère de concert avec sa mère, depuis le 19 mars 2021, pourvoit aux besoins des résidents de la communauté.

Rose Kenya Joseph, sous ses multiples casquettes, continue de repousser chaque jour les limites imposées par la société. Elle se dit fière de ce qu’elle est arrivée à accomplir jusque-là. Ce qui ne serait pas le cas si elle s’était arrêtée quand on lui disait que c’était impossible. « J’ai toujours cru en moi, en mes capacités. Et j’ai toujours su que je pouvais accomplir tout ce que peut réaliser un homme. Je ne me fixe pas de limites », déclare avec fermeté la jeune professionnelle et entrepreneure qui rêve d’instituer une école professionnelle de qualité au bénéfice des jeunes de sa communauté.

« Les jeunes, notamment les femmes, doivent investir dans leur formation. Tout ce qu’on apprend constitue une opportunité de gagner sa vie », conclut Rose Kenya qui fait de son parcours une source de motivation pour la jeunesse haïtienne.

Statler LUCZAMA

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