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Il ne fait aucun doute que les politiques haïtiens en veulent à la Constitution amendée de 1987. Ils la voient comme une entrave qui paralyse la bonne gouvernance du pays. Une charte qui doit subir des changements à court ou à moyen terme.

Personne parmi eux ne parle d’amendement. Une autre Constitution est nécessaire, affirment-ils. Cependant, le principal nœud à défaire c’est d’évacuer la querelle émanant de cette question :  » Qui doit faire ce changement » ? 

Le changement de la  charte mère est un projet assez délicat. Tous les indicateurs montrent qu’il est matériellement et techniquement impossible avec l’actuel Président de la République, Jovenel  Moïse.

Les raisons évoquées par ceux qui s’y opposent sont fondées. La Constitution en vigueur ne fait pas de prévisions légales pour modifier la Constitution par voie de référendum. En son article 284-3, il est écrit « Toute consultation populaire tendant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite ».

Inutile de citer les autres articles s’y rapportant puisque tous, ils parlent d’amendement, et non de changement. Un prétexte qu’a pris le Président quelques jours après sa polémique avec les juges de la Cour de Cassation pour soutenir qu’il parle d’une nouvelle Constitution, et non  de celle en vigueur.

Au regard de ce qui précède, un président si impopulaire et qui est au pouvoir sans consensus après la fin de son mandat (article 134-2) ne peut réaliser un projet de cette envergure sans un minimum de consensus politique. À cela s’ajoute, le problème de l’enregistrement des électeurs.

Le directeur de l’ONI, cette semaine, confirme avoir déjà enregistré quatre millions quatre cent trente mille sept cent vingt  citoyens et citoyennes et distribué trois millions deux cent mille cartes. Ce qui sous-entend une participation populaire  mineure dans un processus qui concerne toute la population qui avoisine les 13 millions de gens.

Nous  tenons à préciser que lors des élections de 2016 on comptait plus de six millions de votants potentiels. Une quantité que l’ONI n’atteindra pas même à la fin de l’année avec son actuelle capacité de production et de livraison. Il est à souligner aussi que la population a augmenté au cours de ces cinq ans écoulés.

Fort de ces considérations et de la flambée de l’insécurité dans le pays, notamment de la prise en otage des  habitants dans les quartiers populaires de la capitale et de certaines villes de province, il serait sensé que le Président se met à l’écoute de la société qui réclame à cor et à cri  le retrait de ce projet qu’elle qualifie de dictatorial.

Outre cela,  tout processus électoral nécessite un fort dispositif de sécurité. Ce que le Président ne peut pas garantir avec une police au bord de l’implosion. Les forces étrangères qui ont largement contribué à cette situation entre 2004 et 2016 ne sont plus là.

Amenés à ces évidences, même des partis proches du Chef de l’État l’appelle à se ressaisir. Car le contexte n’est pas propice. C’est le cas du parti sous la bannière duquel il a été élu, PHTK. Le BINUH a fait le même constat, l’OEA, entre autres, tous pro-pouvoirs.

Autant de constats qui montrent qu’il nous faut d’abord aplanir le sentier avant de nous aventurer sur ces projets à moyen terme. La confiance est incontournable pour avancer. Le retour à la sécurité est inévitable pour l’instauration de la stabilité politique. 

Aussi est-il conseillé au Président et à l’opposition de statuer sur l’essentiel en  reléguant à l’arrière-plan leur mesquinerie.  Ainsi on pourra libérer le peuple de cet enfer en commençant par poser les jalons de la nouvelle société qui passera, bien sûr, par une remise en question du système à travers une transition responsable.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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