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Toussaint Louverture a marqué l’histoire de l’humanité

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Le 7 avril dernier, rappelle la mort de l’un de nos héros nationaux. Pour commémorer cette date, un voyage vers l’extraordinaire vous transporte dans l’histoire d’Haïti pour revivre le parcours de Toussaint Louverture, l’immortel combattant de la révolution haïtienne, le premier des noirs car c’est lui qui a ouvert la voie de la liberté à la première république noire du monde.

Né au début des années 1740, dans les environs du Cap-Français (de nos jours Cap-Haïtien), François-Dominique Toussaint Louverture est un général et homme politique franco-haïtien d’origine afro-caribéenne. Populairement appelé Toussaint Louverture, Toussaint Bréda, de son nom de naissance, né sur l’habitation Bréda d’où lui provient ce substitut, était durant la période coloniale un fils d’esclaves noirs, mais il a été lui-même affranchi.

Son enfance et son affranchissement

Retracer la vie de Toussaint Louverture reste aujourd’hui encore une chose assez difficile, car sa vie est peu connue, surtout en ce qui concerne ses débuts. Comme la plupart des esclaves de l’ancienne colonie, Toussaint n’a pas eu une vie facile ni connu une enfance épanouie. On sait tout simplement qu’il n’a pas pris naissance sur les terres d’Afrique, en raison du fait qu’il était un esclave domestique, plus précisément un cocher, à cette époque, seuls les créoles s’occupaient des tâches domestiques. Toutefois, les éléments essentiels sur sa naissance et son enfance restent méconnus. Les historiens avancent que Toussaint serait né au début des années 1740, notamment entre 1740 et 1743.

Étant esclave sur l’habitation Bréda, située dans la partie nord de l’île, Toussaint Louverture était un jeune homme très intelligent. Cette intelligence lui a valut l’appréciation positive du gérant de l’habitation, Bayon de Libertat, qui lui avait accorda la « liberté de savane », c’est-à-dire qu’il jouissait d’un certain privilège par rapport aux autres esclaves de l’habitation et en bénéficiant de la liberté de mouvement, alors qu’il n’avait pas le statut d’esclave affranchi. Toussaint sera par la suite affranchie. Cependant, l’histoire ignore l’année exacte de son affranchissement mais on suppose qu’elle a dû se faire à la fin des années 1760 ou vers le début des années 1770. Et étant libre, il adopta finalement le patronyme de Toussaint Bréda. Selon un certain nombre d’historiens, il semble qu’après avoir obtenu son affranchissement, Toussaint aurait été, vers la fin de l’année 1779, à la tête d’une habitation qui produisait du café, au Petit-Cormier, ayant à sa charge treize esclaves, dont Jean Jacques qui n’était  autre que le futur premier empereur de la République d’Haïti.

Son rôle dans la passionnante histoire de l’indépendance d’Haïti

Toussaint Bréda possédait également des talents de guérisseur, car connaissant très bien les plantes médicinales, il occupait la fonction de médecin chez les insurgés tout en offrant aussi ses services de conseiller à Biassou. Il a donc organisé une garde disciplinée à l’européenne qui a mis fin à la grande désorganisation des insurgés. En 1793, les Espagnols offrent un sanctuaire aux révoltés et la liberté à ceux qui combattaient pour eux. Étant à la tête de son armée d’environ 4000 hommes, il est vite remarqué pour ses talents militaires et sa discipline, ce qui lui donnera le titre de lieutenant-général. Il échangera alors son patronyme Bréda contre le nom de Louverture, nom qui fait référence à ses remarquables capacités d’ouvrir des brèches dans le camp adverse. 

Suite à nombre d’événements qui se sont déroulés durant une période qui s’étend sur moins d’une décennie, Toussaint Louverture, chef militaire autodidacte, aimé à la fois par les blancs et les noirs, a réussi à gravir les échelons et à se faire une place de choix sur le plan politique à Saint-Domingue. Toussaint voulait établir et surtout maintenir l’ordre à Saint-Domingue, au profit des noirs créoles. Cependant sous son régime, on constate plusieurs mesures qui rappellent l’ancien régime. 

Les colonies étaient supprimées mais demeuraient quand même placées sous un régime d’exception. Profitant de cette mesure, Toussaint a élaboré alors une constitution, la Constitution de 1801. Autonomiste et autocratique, la Constitution de Saint-Domingue, du 8 juillet 1801, inspirée de la Constitution (française ?) de l’an VIII notamment, sur le plan militaire, le nomme gouverneur à vie avec le droit de désigner son successeur. Si cette Constitution reconnait la liberté générale, elle envisage cependant la possibilité de recourir à une main-d’œuvre africaine. 

Lorsque Napoléon Bonaparte a appris cette nouvelle, il a considéré cette Constitution comme une offense à la France et a jugé que Toussaint Louverture devenait de plus en plus dangereux ; et pour mettre fin à ce danger quirisquait de mettre à mal ses projets, sa première action a été l’envoi d’un corps expéditionnaire ayant pour but de mettre fin à l’émancipation dominguoise et d’éliminer Toussaint Louverture.

Sa déportation et sa mort

Cette expédition a été dirigée par le général Leclerc. Elle comptait des officiers issus de la colonie et aussi des officiers de couleur. Cette expédition a quitté la France en décembre 1801 avec 17 000 hommes, renforcée en 1802 par 6000 hommes. Alors que l’armée de Toussaint disposait de 20 000 hommes répartie entre l’infanterie, la cavalerie et le génie. Par ailleurs, sa garde nationale, sa véritable troupe aguerrie comptait 10 000 hommes. Malgré sa supériorité numérique, les troupes françaises sortent victorieuses de la bataille. Et le 6 mai 1802, Toussaint Louverture est contraint de baisser les armes.

Avec le renversement de Toussaint, la révolution de Saint-Domingue connait un grand coup. Et le 7 juin 1802, Toussaint est arrêté et déporté en France, accompagné de sa famille et d’une centaine de ses proches, sur la frégate ‘’Créole’’. Par la suite, il a été transporté au Fort de Joux pour être interrogé, mais au lieu de l’envoyer au procès, on l’a laissé croupir en prison. Et Toussaint Louverture meurt dans le Doubs (au Fort de Joux) d’apoplexie et de pneumonie, après une rude saison hivernale le 7 avril 1803.

Toussaint Louverture est ce grand homme, ce héros qui a combattu intelligemment les Français pour acquérir cette liberté tant désirée. Il a fallu attendre la fin de la révolution haïtienne, pour mesurer l’ampleur du combat de Toussaint Louverture. Et c’est évidemment, son ancien esclave Jean Jacques Dessalines qui a proclamé l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804.

L’histoire se souviendra toujours des dernières paroles qu’il a prononcées sur le sol haïtien avant d’embarquer sur le navire ‘’le Héros’’. Il a dit à l’intention de ces Français: « En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté des noirs, il repoussera par ses racines car elles sont profondes et nombreuses ». Ces mots demeurent bien vivants dans le cœur de tous les Haïtiens et ont contribué à alimenter le moteur de la révolution haïtienne.

Leyla B. Pierre Louis

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