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Wismy Dorcé, le conquistador du cinéma argentin

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Wismy Dorcé, cinéaste haïtien, écrit son histoire de la plus belle des manières en Argentine, dans le milieu cinématographique. Le natif de Kenscoff est devenu le directeur de la première production cinématographique afro en Argentine, avec la création de Black Existencia Films en 2017. Après avoir marqué de son empreinte le cinéma en Amérique du sud, il espère investir à présent le marché américain.

Jeune Noir aux cheveux « locksés », Wisner Dorcelus est un Haïtien épris de passion pour le septième art. S’il est reconnu en Argentine pour ses réalisations, le football est cependant la folie qui l’a emmené sur le territoire de l’Albiceleste, il y a plus de onze ans. Dans ce pays influencé par la culture européenne, Wismy Dorcé, de son nom d’artiste, joue sur un terrain autre que celui du foot, sur celui du cinéma.

Né à Kenscoff, dans la localité de Robin, le réalisateur Wismy Dorcé a étudié le cinéma à l’Industrie cinématographique argentine (SICACFP) et à l’École Nationale d’Expérimentation Cinématographique et de Réalisation (ENERC). Il a également suivi des cours intensifs de cinéma en ligne. Mais bien avant de se mettre derrière la caméra, il a dû côtoyer l’expertise de Lito Cruz, une grande figure du cinéma argentin, en apprenant le théâtre pendant un an. C’est d’ailleurs cette expérience, à en croire ses propos, qui l’a incité à aller plus loin.

« J’adore écrire des scènes de film. j’aime être en contact avec l’histoire. J’adore être sur un plateau de tournage et être en contact avec mon équipe et mes acteurs », déclare le réalisateur. Depuis 2013, il réalise des courts-métrages et des vidéo-clips, se faisant peu à peu une place dans le milieu. En 2018, avec la réalisation du court-métrage « Asi Estamos », il est parvenu à dissiper les doutes autour de sa virtuosité. En effet,  « “Asi Estamos’’ a été présenté en avant-première à Buenos Aires et a été projeté dans un festival de cinéma au Nigeria », informe Wisny Dorcé, parlant de sa réalisation.

Ses plus grandes réalisations

« Mon premier grand succès dans le cinéma a été la réalisation de mon premier long métrage ‘’El Afortunado” », révèle le cinéaste avec enthousiasme. Ce film a été projeté dans une douzaine de pays et dans dix festivals internationaux, poursuit le premier réalisateur noir dans le cinéma argentin. « ELafortunado », ce film qui a rempli des salles de cinéma, est en effet le premier long métrage écrit, réalisé et produit par un Noir en Argentine.

De plus, il a réalisé la mini-série « Los Hermanos afro », diffusée sur trois chaînes de télévision et deux plateformes numériques en Argentine. Suite à cette réalisation, il a été invité à intervenir à l’Université de Virginie en novembre dernier. « J’ai eu l’occasion d’intervenir au sujet de mes réalisations dans le cinéma qui m’ont permis de rendre visible la communauté afro-descendante en Argentine », confie le directeur de Black Existence Films.

Le racisme dans la monde du cinéma en Argentine

« Le racisme dans ce pays est comme un poison froid qui vous tue de manière chronique et silencieusement. On ne parle pas d’une violence physique, mais psychologique », affirme le réalisateur, dénonçant le racisme. Il affirme en effet avoir connu des difficultés à cause de ses origines africaines. « En tant que réalisateur, j’ai dû faire face à des situations extrêmement difficiles mais je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort », rassure le cinéaste, conscient de la réalité. « Il m’a été très difficile de présenter mes projets en avant-première dans les espaces culturels du pays. Mais comme j’aime à le dire, les obstacles sont souvent une motivation », ajoute-t-il.

Wismy Dorcé révèle plus loin que réaliser des films indépendants n’est jamais une mince affaire, où que l’on soit. « Des obstacles se dressent toujours sur le chemin de ceux qui veulent progresser, et comme je le dis souvent : si tu sais ce que tu fais et ce que tu veux, les obstacles doivent te servir de motivation. Malgré les obstacles rencontrés, j’ai eu le courage de rendre possible l’impossible », déclare avec véhémence le natif de Kenscoff, qui, à force de persévérer, a pu s’ouvrir les portes de nombreuses institutions en Argentine, en tant que réalisateur d’origine haïtienne.

Après avoir percé sur le marché du cinéma argentin, Wismy Dorcé a dans sa ligne de mire le marché américain, à la recherche de nouveaux défis. Pour lui, l’industrie cinématographique américaine est comme la Premier League (championnat de première division anglaise) dans laquelle tout joueur (de football) qui aimerait performer doit faire ses preuves. Il est donc venu le temps pour lui de fermer ce chapitre en Amérique du Sud. De plus, « le fait d’être aux États-Unis me permettra d’être plus proche d’Haïti et d’essayer de voir si je peux apporter quelque chose de positif au cinéma haïtien », fait savoir M. Dorcé, qui rêve de collaborer avec ses compatriotes pour le bonheur des cinéphiles.

Pour l’heure, le cinéaste travaille sur un projet avec un artiste nord-américain dont il n’a pas mentionné le nom. Mais il assure qu’il y a quelque chose de succulent dans la cuisine. « Dès que possible nous en parlerons davantage », promet Wisner Dorcelus, le conquistador du cinéma argentin.

Statler Luczama

luczstadler96@gmail.com

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