Rentrée scolaire/séisme du 14 août 2021: les conditions psychologiques ne sont pas réunies, selon Verlanda Alexandre

La rentrée scolaire est prévue pour le 4 octobre pour les départements touchés par le séisme du 14 août 2021, et le 21 septembre prochain pour les autres. Dans une entrevue accordée au journal Le Quotidien News, Verlanda Alexandre, Officière de Sauvegarde d’Enfants à Kids Alive International, a affirmé que les conditions psychologiques ne sont pas au top pour favoriser l’apprentissage des élèves.

Si certaines écoles ont choisi d’ouvrir leurs portes, faisant fi de la décision du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), à mesure que les jours passent, aucun grand changement n’est visible dans la situation du pays. Situation qui complique les conditions de retour en classe. En effet, l’insécurité continue à ronger le pays et aucune évolution sérieuse n’est observée dans le Grand Sud, sans parler de la situation économique des parents qui ne peut s’améliorer sans que des conditions propices ne soient créées. De plus, la peur occasionnée par le séisme récent ne s’est pas encore dissipée.

Pour Verlanda Alexandre, les conditions psychologiques ne sont pas favorables pour l’apprentissage des jeunes. Aussi, elle estime que l’aspect santé mentale doit être considéré pour la pleine réussite de cette année académique qui va commencer . « Toutefois, sachant que nous devons avancer et, justement, garder le cap à cause des nombreuses autres tensions qui pourraient survenir dans le pays, procéder à la réouverture des classes au plus vite serait la meilleure option dans l’intérêt des apprenants », estime-t-elle.

Elle explique que cette situation pourrait s’atténuer grâce aux différentes séances de débriefing que chaque administration scolaire pourrait mettre sur pieds au cours de la première semaine de classe. Cela permettrait non seulement aux apprenants de verbaliser ce qu’ils ont vécu pendant le séisme, mais aussi de se relancer de bons pied par une meilleure représentation mentale du phénomène séisme en apprenant les gestes qui sauvent. Pour elle, « la présence de psychologues, ou encore, de personnels formés à soutenir les enfants est extrêmement nécessaire dans le milieu scolaire ».

Sans cela, les établissements peuvent s’attendre à faire face à l’indisposition des élèves, qui se manifeste bien souvent par des comportements que trop souvent beaucoup s’empressent de juger, sans vraiment s’intéresser à la source du problème. « Nous pouvons nous attendre à des décrochages scolaires, à des moments d’école buissonnière, à des moments de sommeil en plein cours, à la perte d’attention de bon nombre de nos apprenants », déclare l’officière de sauvegarde d’enfants, pensant à ce qu’il en pourrait coûter de ne prendre aucune mesure.

Toutefois, considérant que plusieurs établissements n’accordent pas de place à cet aspect, elle estime que la situation est beaucoup plus grave pour ceux qui n’y ont pas accès. « Que leur force interne leur vienne en aide », souhaite-t-elle.

Un peuple résistant et courageux

La psychologue ne s’arrête pas à ces aspects inquiétants. Elle explore aussi une piste positive de la santé mentale haïtienne. « Ce qui nous sauve, c’est que nous sommes un peuple ‘soit disant’ résilient et nos enfants héritent de ce semblant de résilience », déclare-t-elle.

Verlanda Alexandre continue pour affirmer que le bon côté, est que nous ne demeurons pas dans la souffrance. « Nous cherchons à nous en tirer coûte que coûte et ceci, à travers des mécanismes de défense comme le déni, l’isolation. Tout cela, dans le but d’aller de l’avant le plus vite que possible », explique la psychologue. Toutefois, cette condition ne semble pas être une solution que nous pouvons retenir, si nous considérons l’affirmation de l’officière: « Nous ne sommes pas vraiment guéris du trauma que nous avons connu au plus profond de nous en 2010. D’où le nom que nous donnons à tout ceci: la résilience ».

Ketsia Sara Despeignes