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Adieu Moscou!

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La Russie avait peut-être fait une mauvaise lecture des circonstances en proposant son aide à Haïti. Un pays contrôlé des pieds à la tête par son grand rival de toujours (sur papier  puisqu’ils se sont entendus pour partager le monde depuis la deuxième guerre mondiale en deux idéologies à travers la guerre froide), les États-Unis.

Si l’administration de Poutine aspirait réellement à faire bouger les lignes, il lui aurait suffi de combattre cette puissance qui contrôle la vie politique en Haïti depuis plus d’un siècle sans accoucher du moindre résultat (dans le sens souhaité du peuple bien sûr) et ses serviles serviteurs au pouvoir. Donc, proposer son aide à un gouvernement aligné sur la Maison Blanche ne peut être qu’  une sorte de provocation.

Autre aspect de la question. Avec un gouvernement normal,  la Russie pourrait en prendre le risque, même en ayant sous les yeux l’expérience avec la Chine, plus récemment et le Vénézuéla salement remercié par le régime actuel pour son support à travers petrocaribe. Mais, accusé d’alimenter et de fédérer les gangs, cet exécutif même fou n’aurait pas répondu favorablement à cet appel. Comment osez-vous penser qu’un pays  puisse pactiser avec un autre pays pour détruire ou attaquer sa capitale militaire (le village de Dieu)?

Nombreux sont ceux qui se plaignent de la décision du chef de l’État de solliciter l’appui de l’OEA et de l’ONU en ignorant la main tendue de Moscou. Ils ont tort. Au contraire, en agissant ainsi, Jovenel Moïse demeure cohérent, en restant fidèle à ses patrons de la communauté internationale. Car, il ne faut pas demander à quelqu’un ce qu’il n’a pas. Il ne faut pas non plus forcer l’âne à boire.

Cet incident qui a servi de prétexte à Moscou pour faire cette proposition devrait lui permettre de faire une analyse minutieuse de la situation et de comprendre les enjeux du moment. Au Conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière, la France a demandé au chef de l’État des comptes à propos du numéro un des chefs de gangs, Jovenel Moïse n’a pipé mot. Elle l’a questionné sur deux présumés criminels de la Saline, dont l’un a été arrêté par la police, mais libéré sur le champ dans des conditions difficiles à élucider. Des chefs rebelles de la place lient l’exécutif à leurs actes de criminalité, mais le gouvernement reste de glace.

Tout cela devrait être pris en compte par la Russie, tout comme les déclarations du nouveau PM et de la CNDDR concernant les bandits. L’implication présumée de cette commission dans la négociation d’otages, l’implication d’une ex-DG dans le transport de ces derniers, tant d’indices pouvant lier les pieds du chef de l’État à donner suite à la proposition de la Russie. À cela s’ajoute l’opération du 12 mars qui cherche à compromettre le responsable de la direction du renseignement au niveau de la police pour sauver la peau des vrais coupables de ce massacre. Cerise sur le gâteau, la police a mené une opération spéciale pour récupérer le blindé saisi à l’intérieur du village alors qu’elle n’était pas capable d’envoyer des renforts pour évacuer les pauvres policiers sacrifiés ou à défaut reprendre leurs cadavres.

Haïti salue la générosité de ce peuple russe, mais choisit de patauger dans la boue des puissances impérialistes qui se sont rendues coupables de plusieurs occupations d’Haïti durant les 20ème et 21ème siècles. Et, le seul service qu’elles nous ont rendu, c’est de planifier l’instabilité politique en permanence, de provoquer des troubles, de soutenir des pratiques barbares, de profiter de notre misère provoquée.

Dommage, les opposants au pouvoir ne se prononcent pas sur la question. De même que Jovenel Moïse, ils attendent que vienne leur tour pour se mettre au service des USA pour la continuité du projet. Chaque acteur politique qui milite dans l’opposition à l’heure actuelle sur le terrain agirait de la même manière que l’ex-dirigeant d’Agritrans qui a ignoré l’appel russe.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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