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Fòs Jenès : des jeunes qui travaillent pour l’édification d’une meilleure société haïtienne

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Fòs Jenès est un réseau associatif pour les jeunes qui a  pour but d’apporter sa contribution à l’édification d’une société haïtienne meilleure et ce, de manière originale. En effet,  le pari consiste à tout miser sur les jeunes, l’éducation, la capacité de mobilisation et la possibilité de créer de la richesse.

Former les jeunes, en faire des leaders qui en formeront d’autres, telle est la manière de procéder de Fòs Jenès . Alors que l’instabilité et l’insécurité du pays pèsent sur nos jeunes et  les fait rêver de lendemains meilleurs,  l’organisation continue à avancer sûrement vers la réalisation de l’objectif pour  lequel elle a été fondée depuis mai 2019 : promouvoir et soutenir la constitution d’une force de proposition et d’action parmi les jeunes en créant les conditions pour qu’ils s’engagent de manière responsable dans le développement durable et plus juste de la société.

Selon Espère Désir, son Président, l’organisation Fòs Jenès s’appuie sur trois capacités qu’elle  cherche à développer chez les jeunes, premièrement la capacité de créer de la richesse en les incitant à prendre des initiatives à l’aide de la formation professionnelle qu’ils  reçoivent, deuxièmement la capacité de mobiliser  dans la mesure où chaque jeune formé doit en former d’autres et conduire ceux-ci à la réussite, et enfin la capacité de savoir proposer et exécuter. « Il ne s’agit pas seulement de proposer, mais aussi d’exécuter. Cette capacité est pour nous un moyen d’identifier les besoins, d’analyser ensemble les problèmes et de proposer des solutions », déclare-t-il lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News. Il continue en avançant que c’est ainsi qu’Haïti deviendra un pays où tout le monde  pourra vivre correctement.

Une école où l’on apprend en 5 modules

C’est un programme principalement éducatif. « Il est impossible de devenir membre de l’organisation sans avoir suivi de formation », précise Espère Désir. Ces séances de formation consistent, selon le Président, en cinq modules sur la base desquels l’aspirant membre reçoit  une formation assez complète et diversifiée. Partant d’une certaine connaissance de soi vers un engagement à s’impliquer et agir.

Un premier module : « Ki moun ou ye, ki kote w soti », vise à plonger le jeune dans l’histoire de ses origines afin qu’il puisse découvrir qui il est, d’où il vient, et en être fier, ensuite le module « Leta ak sitwayen », qui lui ouvre les yeux sur ce qu’est l’État et la nécessité  de connaître les droits et les devoirs des citoyens.  Si les deux premiers modules concernent davantage la citoyenneté, le troisième est un peu plus de nature économique et concerne le système national de production. Toujours selon le Président de Fòs Jenès, la question  est soulevée dans le module 3 de savoir  s’il est encore évident de parler de l’agriculture comme base économique fondamentale pour le pays. La condition de la jeunesse, l’éthique et la morale sont les deux derniers modules  qui complètent la formation.

Toutefois, la formation de Fòs Jenès ne se résume pas aux modules, le réseau offre aussi des formations  de courte durée dans les métiers manuels comme  le carrelage, l’électricité, le bâtiment, etc. « Nous évoluons aussi dans le champ culturel et artistique et nous formons de jeunes entrepreneurs », affirme le Président de l’organisation, la voix enthousiaste. Il continue pour expliquer que la durée maximale d’un module est de 8 heures  et qu’à la fin, on organise des ateliers et des séances de simulation afin de vérifier que chaque personne a bien assimilé, qu’elle peut transmettre, ou s’il y a nécessité de récapitulation. « C’est pour cette raison que nos formations ne comptent pas beaucoup de monde », avoue-t-il.

Une structure complexe pour veiller à la pérennité

« Nous sommes aujourd’hui à environ 8000 jeunes qui sont touchés par la formation à travers le pays » déclare Espère Désir avec une pointe de fierté. Cette lourde tâche  n’est toutefois pas accomplie sans coordination. En effet, l’organisation est coiffée par un comité exécutif dont le siège social est situé à Bois-Patate, #28. De plus, Fòs Jenès possède un conseil national. « Nous avons un délégué départemental pour chaque département, ainsi qu’un autre pour l’international. Nous ne nous limitons pas au territoire national  parce que nous avons beaucoup de jeunes dans la diaspora », explique le Président de l’organisation.

Le conseil national, quant à lui, coiffe les comités communaux qui, eux, coiffent les comités des sections communales. « Nous avons récemment organisé une formation pour environ trois personnes par département, ce qui fait en tout 30 jeunes. Ces jeunes ont désormais le titre de formateurs », indique Espère Désir. C’est ainsi que l’organisation assure la supervision et la pérennité de son œuvre.

Un manifeste de la jeunesse ?

Fòs Jenès travaille actuellement sur un projet de causerie avec les jeunes du pays. Un projet qui pourrait être  facilité par la structure  décentralisée de cette organisation. « Cette causerie aura lieu sous la forme de Focus Group, dans chaque communauté, chaque section communale et chaque localité. Chaque jeune pourra donner son opinion, présenter ses doléances », explique le Président de Fòs Jenès.

La synthèse de ces idées et doléances constituera le « Manifeste de la jeunesse » qui devrait être présenté dès le 12 août prochain à la Nation haïtienne. Ce manifeste, une fois élaboré, sera considéré comme le cahier de doléances de la jeunesse  à partir duquel  les jeunes pourront faire des propositions. De l’avis d’Espère Désir : « Fòs jenès est un mouvement de proposition et d’action. Notre principale mission étant d’influencer les politiques publiques, nous pouvons faire beaucoup car en étant  nombreux, nous sommes plus forts ».

L’un des objectifs de Fòs Jenès est de faire en sorte que  les recrues arrivent en simple jeunes et sortent en jeunes leaders. Cette organisation  pense pouvoir assurer en l’espace de dix ans une bonne partie de  cette révolution économique et politique. Toutefois, quoique les jeunes contribuent à hauteur de 150 gourdes à leur formation, l’organisation n’est pas  à l’abri de difficultés financières. De plus, la situation du pays l’empêche d’avancer au rythme souhaité : « S’il n’y avait pas la montée de l’insécurité et le coronavirus, nous serions à beaucoup plus que 8000 jeunes atteints », déplore Espère Désir.

Toutefois, le Président préfère se pencher sur les aspects positifs, comme le soutien du Recteur de l’Université Quisqueya, Jacky Lumarque qui, selon lui, a joué un rôle fondamental dans la concrétisation de l’idée et dans la rédaction des modules. Tandis qu’il semble confiant quant à l’atteinte des objectifs, le Président de l’organisation déclare au sujet de Fòs Jenès : « C’est un mouvement révolutionnaire, parce que c’est un travail que nous effectuons au niveau du mental du jeune. D’autant que pour nous,  la jeunesse ne se résume pas à une affaire d’âge, la jeunesse c’est surtout un état d’esprit ».

Ketsia Sara Despeignes

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