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Haïti, la République des crises fabriquées

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Haïti fonctionne comme un laboratoire. Un lieu de conception et d’expérimentation  de crises. À chaque fois qu’on peine à résoudre une situation embarrassante, les politiciens sortent de leurs tiroirs une crise de plus. Les mauvaises situations se succèdent mais elles ne sont jamais  maîtrisées. Conséquences : on fait face à la fois à de nouvelles crises, et à des rebondissements d’autres qui n’ont jamais été résolues.

Pour l’instant, on peut facilement en  énumérer au moins trois: la pandémie, l’échéance présidentielle et ses corollaires et enfin la chute de l’économie nationale accentuée par la question lancinante du dollar et des transferts.

On n’avait pas assez de problèmes comme cela jusqu’à ce que la Banque de la République d’Haïti (BRH)  ne sorte cette circulaire pour légaliser ce que la population n’arrêtait de dénoncer. Jusqu’à ce qu’elle vienne enfoncer le clou. Des maisons de transferts commencent déjà à fermer leurs portes pour contester la décision. Une situation que l’État aurait pu éviter.

À peine prise, la clientèle, généralement issue des couches populaires  les plus vulnérables, ne ressent pas encore le poids de cette mesure. Les bureaux de transferts peuvent toutefois s’accommoder au prix d’énormes sacrifices. Un compte en dollars, c’est l’ultime solution.

Plus besoin de vous rappeler qu’une bonne partie de l’économie haïtienne repose sur le dos de la diaspora. La majorité de la population vit des transferts. Si les bureaux ferment leurs portes pour protester, une à deux semaines suffiront pour que l’État goutte la saveur de sa décision. Amère, insipide ou sucrée, il doit s’attendre à une situation un peu tendue.

Pourquoi cette énième crise? La population suffoquait déjà. Son cri assourdissant de détresse rend somnolent. Elle n’arrête de vouer son sort à Dieu espérant un miracle: la prise de conscience des décideurs. Courant vers le chaos, l’État  précipite l’effondrement du pays avec cette crise sortie de nulle part. À chaque jour une crise non nécessaire voit le jour.

Fabrication de crises : telle est l’expertise haïtienne de ces trente dernières années. On a beau réfléchir, on a beau planifier, on a beau quémander, on a beau hurler sa colère, on a beau manifester, faisons maintenant le bilan. On est à l’âge de la préhistoire.

Le coût de la vie ne cesse de grimper. Le prix des produits de première nécessité  ne cesse d’augmenter. Les mouvements récurrents de « peyi lok » a tout chambardé. L’insécurité grandissante ne recule pas. La ville de Port-au-Prince particulièrement se transforme en enfer. La Covid-19 envenime la situation et l’on passe déjà à plus de 112 gourdes pour un dollar.

Au lieu d’une remise en question de sa gestion catastrophique de trois ans de pouvoir, l’exécutif veut monopoliser la devise américaine.

Les entreprises commerciales qui achètent  leurs produits en dollars, les ‘’cambistes’’ qui l’échangeaient, les bureaux de transfert qui ne cessent de supporter la colère populaire sont tous en difficulté à cause de cette décision. Essayons de  questionner l’avenir avec un peu d’humanisme et les intérêts mesquins cèderont la place à l’amour du bien-être collectif.

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