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Haïti / Marché informel : quand nos mères-vendeuses font des miracles

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Élever des enfants dans le contexte où se trouve le pays ne se fait pas sans difficultés. Encore plus si la seule source de revenus est ce qu’on appelle un petit commerce. En effet, bravant les difficultés du quotidien, ces vendeuses font des miracles pour pouvoir élever leurs enfants.

Au nom d’un avenir meilleur qu’elles rêvent pour eux, plusieurs de nos marchandes se découvrent pleines de ressources afin d’utiliser le maigre revenu qu’elles gagnent à travers ce qu’elles vendent, pour prendre soin d’eux. S’il leur est difficile d’expliquer comment elles y arrivent, elles admettent aux moins que c’est difficile et que c’est le fruit de beaucoup de calcul et de stress. «Elles sont  bien obligées »,affirme Tania, une marchande de bonbons et de pistaches, qui vend à l’angle de l’avenue Jean-Paul II.

Quant à Tania, elle affirme avec dépit que l’inflation l’oblige parfois à compléter le bénéfice  en puisant dans son propre argent afin de pouvoir renouveler son stock. Toutefois, en plus des difficultés économiques, la situation instable du pays vient allonger la liste des problèmes. « Une fois, je suis venue vendre, il y avait des pneus que l’on brûlait, ici, dans l’avenue », déplore Tania en  regardant la  file des voitures qui passent. La tension, ce jour-là, était telle qu’elle a dû s’échapper aussi vite qu’elle le pouvait : « J’ai perdu la marmite qui me servait de mesure pour les pistaches dans la hâte », regrette la marchande. Cette même situation empêche parfois Bérante, qui vend à Carrefour, de se rendre en ville pour acheter de nouveaux produits.

Cette  quête incessante pour gagner le pain familial se fait parfois grâce à un prêt. « J’emprunte l’argent de la Banque afin d’assurer la survie de mon commerce » affirme Bérante, mère de 3 enfants, dont l’une se trouve à l’université. « Il nous faut assurer l’avenir des enfants, ne pas les laisser abandonnés à eux-mêmes », poursuit-elle, de la fatigue dans la voix.

Pour ces marchandes, il n’est pas évident de vendre dans de telles conditions, c’est pour cela qu’elles souhaiteraient pouvoir exercer, au moins, dans un climat de sécurité ; elles souhaitent aussi un encadrement. Parlant d’encadrement, Bito Fénélus, étudiant en 3eme année en sciences économiques, est d’avis que nos marchandes auraient besoin d’un « encadrement financier continu qui pourrait leur permettre de développer leur business et qui serait un accompagnement utile pour qu’elles restent fortes et solides face aux facteurs externes qu’elles ne peuvent pas contrôler, tels les crises sociales ou l’instabilité politique généralisée ».

Toujours selon lui, dans certains autres cas, il faudrait les  féliciter pour savoir faire face à la volatilité du taux de change et à l’inflation et éviter ainsi ne pas perdre la vente. Puisque la plupart apprennent l’art du commerce sur le tas, il faudrait des services techniques de coaching et de formation afin de leur montrer comment gérer le capital initial afin de mieux générer des profits leur seraient bénéfiques.

Ce dévouement des vendeuses à leur offrir le mieux qu’elles peuvent, touche parfois  au plus haut point leurs enfants. C’est le cas de Sandy dont la mère est vendeuse à Carrefour. Pour elle, sa mère est une reine : « Elle a fait de moi la femme que je suis », affirme-t-elle fièrement. Il y aurait d’ailleurs lieu de ressentir de la fierté et de la  reconnaissance face à une persévérance comme celle de Bérante qui encourage d’autres femmes à faire comme elle pour le bien de leurs enfants en ne restant pas les bras croisés face au chômage.

Kestia Sara Despeignes

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