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Kidnapping en Haïti : impuissance de l’État ou manque de volonté ?

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Le kidnapping est vraisemblablement touché à son apogée en Haïti. L’ampleur pris par ce phénomène sortie de nulle part accroit la frayeur, l’angoisse et le désespoir de la population. Aux abonnés absents, les autorités font planer le doute.

C’est en fait un constat, une évidence que le phénomène de l’insécurité, notamment le kidnapping est devenu incontrôlable sur le territoire national. À mesure que les jours s’écroulent dans ce pays qui a marqué l’histoire mondiale à l’encre d’or, les kidnappeurs font multiplier les cas d’enlèvements tout en changeant de tactique en permanence. Et, ce, dans la plus grande indifférence des dirigeants établis.

Les chiffres présentés par les organismes des droits humains concernant cette situation font état d’une nation qui n’est pas dirigée. 142 cas officiellement recensés seulement en une trimestre. Parmi ces kidnappés, on dénombre, enfants, femmes, hommes, businessmans, policiers, médecins. Bref, toutes les catégories sociales. Pire, certains sont tués, y compris un enfant en bas âge. Certains ont payé la rançon et voit kidnappé en retour le porteur de rançon. Pour sortir de ce trou, le kidnappé n’a pas mille moyens que le paiement de la rançon dans un pays où tout est en place (un gouvernement, la justice et la police).

Ceux qui tentent de s’échapper au filet des ravisseurs se voient gire dans leurs sangs. Le docteur Paddy en est un exemple flagrant. Au Bel’air, selon un bilan du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) publié le 7 avril 2021, des groupes armés membre du G9 ont détruit la vie d’au moins treize personnes, blessés quatre, cinq portées disparues, plus d’une vingtaine de maisons et des véhicules incendiés à la suite de deux tentatives de kidnapping échouées dans cette banlieue grâce à la vigilance des résidents.

La population haïtienne a beau lamenté. Les mouvements de protestations ont pullulé. Des milliers de gens ont foulé le macadam pour dénoncer ce phénomène qui tue et décapitalise la classe moyenne haïtienne. Quant à la police nationale d’Haïti (PNH), elle ne parvient pas à libérer aucun otage depuis le début du phénomène (exemption faite pour l’agente intérimaire de Bassin Bleu, Milouse Rosier).

Pour le mois d’avril 2021, les cas d’enlèvements ont été spectaculaires. Les civils armés ont enlevé individuellement et en groupe. Une dizaine de religieux incluant deux français ont été enlevés d’un coup par le groupe ‘’400 marozo’’ et six d’entre eux sont gardés en captivité plus de dix-huit jours. Ce weekend-là, on dénombrait plus de 14 cas dont le passé sérénissime grand maitre du Grand Orient d’Haïti de 1824 et le directeur médical de l’OFATMA. S’en suivent des étudiants, des ex-commissaires de police, des Casecs, entre autres.

Les conséquences sont regrettables. La nationale numéro 2 était jusqu’à la rédaction de ce texte resté bloquée au niveau de Petit-Goave coupant du coup la communication avec le sud, les Nippes et la Grand ‘Anse. Des blessés par balles sont recensés y compris un enfant de sept ans. Un substitut commissaire du gouvernement de Miragoane a fait les frais de la colère des protestataires. La police de son côté roule son effectif pendant que les kidnappeurs progressent dans leurs actions.

Contrairement aux mois précédents où les malfrats se faisaient passer pour des policiers ou des officiels, ces derniers temps, ils enlèvent en toute quiétude et leurs cachettes sont connus de tous. Ni la police, ni la justice, elles affichent toutes une incapacité sans pareil. Pourquoi ? Personne ne sait. Qu’il s’agisse d’un manque de volonté ou d’incapacité, une chose est claire : les gangs sont les auteurs matériels de ces actes qui commencent à inquiéter même la communauté internationale très critiquée dans sa prise de position favorable au chef de l’Etat haïtien.

Olry Dubois

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