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Le risque d’un séisme majeur pèse fort sur le Grand Nord avec une faille qui emmagasine des énergies depuis 180 ans

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Les catastrophes naturelles ne semblent pas prêtes à épargner Haïti, et pourtant, le pays peine à prendre de sérieuses mesures de prévention. Les catastrophes se multiplient, les  fosses communes se remplissent.

Le sept mai 2022, la ville du Cap s’est souvenue du grand tremblement de terre de magnitude 8,1 sur l’échelle de Richter, qui a eu lieu il y a 180 ans, et qui a causé la mort de près de la moitié de sa population, et d’environ  300 personnes dans un tsunami qui s’en est suivi. Pour Lovinsky Fils-Aimé, étudiant finissant en Aménagement du territoire au Campus Henry Christophe de Limonade et président de l’Association des Jeunes Avisés pour le Progrès en Haïti (AJAPH), la région  est exposée  à de grands risques sismiques, et est traversée par la grande faille septentrionale qui s’étend depuis l’Ile de Cuba jusqu’en République Dominicaine, faille qui a provoqué le tremblement de terre du sept mai 1842.

« On a une faille qui emmagasine de l’énergie depuis 180 ans déjà, il faut se préparer à faire face à des séismes de grande magnitude. Même si on ne peut pas les prévoir, le risque est là et grandit de jour en jour », prévient celui qui milite activement pour les causes écologiques et la prévention des catastrophes naturelles. 

Comprendre le phénomène

Il est vrai que jusqu’à date il est impossible de prévoir avec exactitude les tremblements de terre ; cependant le phénomène n’est pas un mystère, et il se répète quotidiennement sur la planète, par les mouvements de plaques tectoniques. « La terre effectue des mouvements de rotation et des mouvements de révolution, avions-nous appris à l’école…La terre arrive à effectuer ces mouvements à l’aide des plaques tectoniques. Ces plaques sont à l’intérieur de la terre et elles sont perpétuellement en mouvement. C’est le mouvement de ces plaques tectoniques qui provoquent les tremblements de terre à travers les failles qui sont des cassures au niveau de la croûte terrestre. Des tremblements de terre ont lieu tous les jours. Cependant, la plupart se produisent à une échelle trop faible pour être ressentis », explique-t-il.

Dans les îles, les activités sismiques s’accompagnent très souvent du risque de tsunami qui est un phénomène généré par le déplacement rapide de grands volumes d’eau dans la mer, aux moyens de vagues. Pour Lovinsky Fils-Aimé, il est difficile de prévoir des dispositifs structurels afin de faire front aux tsunamis. « Il n’y a pas vraiment de préparations à effectuer contre le risque de tsunamis. Ce phénomène est une vraie fatalité. Le seul moyen d’éviter les pertes en vies humaines, c’est l’évacuation d’urgence face à la menace. Cette menace est élevée en proportion de la hauteur des vagues», a-t-il fait savoir. 

L’aménagement du territoire, le grand défi haïtien

Que ce soit lors des tremblements de terre ou lors des événements météorologiques extrêmes, les experts haïtiens s’accordent tous à dire que la vulnérabilité du pays réside dans le mauvais aménagement du territoire. C’est aussi ce que pense le président de l’AJAPH.

« Un tremblement de terre de forte magnitude risque de causer beaucoup plus de dégâts dans la région que ça a été le cas en 1942, en 2010 ou plus récemment en octobre 2018. Les dispositions n’ont pas été prises afin de mieux gérer les constructions dans les villes. Il n’y a aucune règle en matière de construction dans le pays. Souvent, les gens aiment dire que le tremblement de terre n’est pas une fatalité, mais je crois que cela est dû à un manque de compréhension parce que le tremblement de terre est effectivement une fatalité. Il ne faut pas confondre le tremblement de terre et la catastrophe qu’il engendre. La catastrophe n’est pas une fatalité, il suffit de s’y préparer, mais le séisme reste et demeure une fatalité.

De plus, la vulnérabilité du pays face aux catastrophes naturelles est intimement liée au niveau de la pauvreté dans le pays. Une bonne partie de la population habite dans des maisons qui ne sont vraiment pas sûres, ni confortables. Ces formes de construction et d’aménagement des espaces accroissent les risques de désastres lors de tremblements de terre, même ceux de faible intensité à l’image du séisme du 6 octobre 2018 qui, malgré sa magnitude de 5,9 sur l’échelle de Richter, a causé des dizaines de morts et des centaines de blessés », dit-il.

La ville du Cap se prépare

Le vendredi 6 mai 2022, à la veille de la commémoration des 180 ans depuis le séisme qui a détruit à l’époque la ville du Cap, plusieurs institutions, dont GéoHazards International (GHI), avec la participation de plusieurs établissements scolaires ainsi que des institutions publiques et privées comme le Centre Ambulancier National, la Croix-Rouge Haïtienne, la Police Nationale d’Haïti, les Sapeurs-Pompiers, l’Office de la Protection Civile, le Ministère de la Santé Publique et de la Population ou encore des mouvements de scouts, ont participé à un grand exercice de simulation (SIMEX) sur les séismes et tsunamis dans l’objectif de préparer la population à faire face aux événements. Pour le Maire intérimaire de la ville, Patrick Almonor, cet exercice doit permettre à la population d’adopter des comportements appropriés face aux phénomènes. Le Maire exhorte les élèves à mettre en pratique les connaissances acquises en la matière et à les partager dans leur entourage.

Clovesky André-Gerald Pierre

cloveskypierre1@gmail.com

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