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L’éducation par le fouet : plus de mal que de bien

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Pratique affectionnée par plusieurs parents haïtiens, fouetter un enfant ou lui infliger un châtiment corporel n’est pas sans conséquences sur son épanouissement et l’adulte qu’il deviendra.

Si la Convention Internationale des Droits de Enfants (CIDE) signée par Haïti interdit toute forme de violence à l’encontre des enfants, il n’en reste pas moins qu’une bonne partie des parents haïtiens ne vont pas chercher plus loin que le fouet. En effet, cette pratique vieille depuis plusieurs générations est souvent vue comme le moyen par excellence pour corriger, réprimander et même décharger un peu de frustrations personnelles sur l’enfant. Le fouet est assimilé à l’éducation à telle enseigne que les écoles aussi fouettent en toute impunité encouragées même par les parents: « Je travaillais dans une école interdisant les châtiments corporels, mais des parents venaient me voir personnellement pour m’accorder le droit de battre leurs enfants », témoigne Fernande, une enseignante âgée.

Pourtant, Verlanda Alexandre, psychologue et membre de l’Équipe Locale de Protection Infantile (ELPI), affirme que cette pratique a un impact nocif sur le développement de ces êtres que sont les enfants. Selon elle, l’enfant pourrait tomber dans une confusion entre l’amour et la violence: «  La même main qui le caresse, le coiffe, l’habille, c’est cette même main qui le frappe, qui lui fait du mal », déclare-t-elle. Elle continue en disant que cette tendance des parents à répéter à  leurs enfants qu’ils administrent le fouet par amour peut pousser quelques-uns à confondre violence et amour. « La petite fille à qui on disait la battre par amour pourrait devenir une femme résignée à ce que son conjoint la frappe », affirme-t-elle.

Frustrations et délinquance

Plus que cela, l’enfant peut clairement observer que l’animal est souvent frappé pour obéir. Or, dans ce cas-là, l’enfant peut voir à la télévision qu’il existe des associations de défense qui prônent le refus de maltraiter les animaux. Le fait aussi que l’enfant qui est souvent battu puisse être mal compris par son entourage, peut pousser les autres à l’exclure ou  amener l’enfant à s’exclure lui-même. Cela peut engendrer une frustration croissante chez l’enfant, qui  peut muer en délinquance. En effet, l’enfant pourrait même, selon la psychologue, s’enfuir de chez lui ou  devenir volontairement grossier avec des adultes inconnus.

Citoyens irresponsables

Verlanda Alexandre encourage les parents à veiller plutôt à ce que les enfants assimilent les règles. En effet, lorsque l’obéissance découle de la peur du fouet ou du parent, il y a risque de désobéissance lorsque la menace est écartée. Cela conduit à des citoyens irresponsables qui ne respectent pas grand chose s’ils ne subissent pas la contrainte. La correction par le fouet engendre aussi de futurs citoyens violents, reproduisant le même scénario au sein de leurs familles et ne trouvant aucun autre moyen que la violence pour régler leurs conflits. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner du taux élevé de violence observé dans notre société.

Ketsia Sara Despeignes

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