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Léon Charles, la version non revue ni corrigée de 2005

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Enfin !  L’ex-chef de la police haïtienne a finalement entendu raison. Dans un contexte de chaos total et d’une police démantelée, Léon Charles part de la même manière qu’en 2005 en laissant derrière lui un piètre bilan.

Léon Charles avait fait sa réapparition à la tête de la PNH dans un contexte où la situation commençait à dégénérer. Le 16 novembre 2020, celui qui faisait partie du corps diplomatique haïtien  remplaçait Normil Rameau et présentait le profil de l’homme du moment puisqu’il avait vécu pareilles circonstances avant sa démission en juillet 2005.

Quid de son bilan ?

Plusieurs faits ont marqué de points noirs le parcours de ce policier expérimenté. La recrudescence de l’insécurité, le kidnapping, le pullulement des gangs à travers le pays, l’accentuation de la crise de l’institution, l’assassinat du Chef de l’État  sont des éléments qui justifient son échec. Sous son règne, la police a enregistré des déculottées à nulle autre pareille. Les opérations sont devenues rares. Celles qui ont été réalisées sont tournées  à la catastrophe.

L’institution réduite à sa plus simple expression

Au moins quatre policiers  ont été tués dans une opération-bidon au Village de Dieu. Les cadavres des sacrifiés ont été souillés et abandonnés aux civils armés. Le char capturé par les bandits aurait été négocié. Un parmi d’autres faits qui ont participé à accélérer la perte de motivation des policiers. Outre cela, un problème de commandement se faisait constamment sentir.

L’assassinat de Jovenel Moïse a tout prouvé. M. Charles est entré dans l’histoire en faisant figurer dans son palmarès la mort du Chef de l’État. Celui qui l’avait ramené après avoir été déçu du travail de Normil Rameau. Le 7 juillet 2021, l’évènement s’est produit comme si la PNH n’existait pas. Plusieurs, et pas des moindres, cadres de cette institution ont été partie prenante , selon la DCPJ, dans cet assassinat odieux. Le Chef de la police n’était pas  au parfum, a-t-on laissé croire. Paradoxal !

Coté administratif, c’est l’anarchie. Le cas le plus récent est l’incident du 17 octobre 2021. Une unité au complet aurait refusé tout ordre du DG en tenue militaire. Cela avait failli arriver avec le SWAT après l’humiliation au village de Dieu le 12 mars dernier. À cela s’ajoute l’histoire des syndicats, les multiples arrestations de policiers, le massacre de Delmas 32, etc.

Si l’on doit saluer un effort de l’ex-DG, c’est qu’il a neutralisé le groupe « fantom 509 » (un choix politique). Sous son règne, faute de chiffres exhaustifsves, la police a perdu d’importants officiers. Tous dans des conditions exécrables et humiliantes. Le kidnapping a augmenté de 300 %. Moins de cinq otages ont été libérés. Les policiers sont kidnappés comme des civils. Les familles ont payé les rançons, mais certains d’entre eux sont portés disparus à jamais. Pour le haut état-major, c’est plus que normal. Aux commandes, Léon Charles a perdu le contrôle de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Ses  déplacements ainsi que ceux du gouvernement sont limités. Sans les autorisations des gangs, ils ne peuvent plus circuler. Pendant qu’il était encore en poste, les gangs installaient leurs chefs comme des officiels dans toutes les zones et percevaient des taxes à l’instar des mairies.

Une police plus politique que technique

L’un des reproches adressés à l’administration de Léon Charles est la politisation de l’institution. Le pourrissement de la situation en témoigne. Les critiques sont issues mêmes des policiers frustrés qui dénonçaient la trop grande implication de la police dans la politique. Le tôlé ayant suivi le fiasco du 12 mars, les positions prises par l’ex-DG après l’assassinat du Président, le laxisme affiché face aux actions des bandits (…) en sont des témoignages vivants.

Malgré tout, il reprend ses fonctions dans la diplomatie

Si l’on n’arrive pas réellement à comptabiliser les rares fois où la police s’est montrée efficace sous la direction de M. Charles, il a, vraisemblablement, réalisé un bon passage à la tête de la PNH, selon le gouvernement qui l’honore en le nommant ambassadeur. Démissionné de son poste, il est appelé dans la diplomatie haïtienne. Le DG parmi d’autres acteurs qui ont conduit le pays sur la pente du non-retour est récompensé. Il est pour l’heure représentant d’Haïti à l’OEA en remplacement de Gandy Thomas. Un énième deal.

Olry Dubois

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