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 mêmes causes produisent toujours les mêmes effets!

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Le 28 juillet 2023 ramène sur le plan de l’actualité les 108 ans de l’occupation américaine d’Haïti. Cent huit ans depuis que les élites nationales de l’époque, en particulier l’élite politique, avaient décidé de créer les conditions permettant aux Américains de fouler le sol national, d’imposer leurs règles, d’abolir la corvée, entre autres. Cent huit ans depuis cette douloureuse expérience qu’il ne faut plus jamais répéter.

C’est dommage que plus d’un siècle après, nous n’ayons toujours rien appris de cette expérience. Nos actions et notre attitude créent, malheureusement, d’autres opportunités d’intervention militaire. Cette fois-ci, à la différence de 1915, les Américains font semblant  de ne pas trop intéresser et cherchent la couverture de l’ONU pour s’imposer militairement en Haïti. En observant la descente aux enfers d’Haïti. En jouant le double jeu d’ami d’Haïti tout en ne faisant rien pour mettre fin au marché informel des armes et des munitions qui arrivent en énormes quantités à destination des gangs armés.

Au cours de ces  trois dernières décennies, pas moins d’une dizaine d’interventions militaires  étrangères ont été réalisées dans le but d’essayer de pallier des turbulences de toutes sortes occasionnées par les contentieux politiques qui n’en finissent pas. Les interventions se succèdent les unes aux autres. Chaque crise politique est suivie par une autre. Ainsi prenons-nous goût à la douceur des gouvernements de courte durée. Des gouvernements provisoires ou de transition.

Haïti est devenu un terrain d’entrainement pour les troupes américaines et onusiennes. Aucune de leurs interventions n’a laissé des traces positives dans le pays. Les plus importantes retombées dont la nation se souvienne concernant les troupes onusiennes, c’est l’introduction du choléra qui a fait des milliers de morts et d’infectés. Ce sont aussi les viols.

Bizarrement, les acteurs politiques qui prennent en otage le pays depuis maintenant 37 ans, semblent n’avoir aucun problème par rapport à tout cela. Au contraire, le Gouvernement actuel est en train de faire tout un plaidoyer au niveau de la communauté internationale en faveur d’une énième intervention étrangère dans le pays. Ce, pour être sûr de garder le pouvoir le plus longtemps possible. 

Pour satisfaire cette ambition, les dirigeants assistent avec complicité à la transformation du pays en une véritable boucherie. Ils se complaisent dans cette situation. Ils ne s’inquiètent pas du degré de frustration de la population. Ils ne sont pas dérangés par la migration massive de la population. Ni par le risque de famine aiguë qui la menace. Ni par l’effondrement des institutions. Ni par la méchanceté des élites et la commercialisation mafieuse du carburant. Plus le chaos persiste, plus les dirigeants ont la chance de s’enrichir.  Sur tous les points, ce Gouvernement a battu tous les records.

Plus qu’en 1915, toutes les conditions sont réunies pour une intervention. La nation est mentalement préparée. On l’a conduite à accepter cette intervention comme la seule issue possible. Seulement, les stratégies ont un peu changé car, à travers le Core Group, le BINUH et d’autres instances, la communauté internationale a d’abord fait main basse sur la politique. Elle planifie une intervention militaire plus en douceur. Des précurseurs, des scouts, qui se dissimulent sous la tunique de politiciens ont pris du temps à aplanir pour eux le sentier.

Au regard du contexte, il est sans conteste permis de dire que le dîner est prêt. Seulement les convives sont attendus. Ils sont là en attendant qu’on leur déroule le tapis rouge. On va peut-être perdre beaucoup de temps encore avec l’étranger dans nos barques. Mais, ne nous faisons pas d’illusion, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com 

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