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Covid-19 en Haïti, entre confiance et méfiance par rapport à la vaccination

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Depuis le début de la campagne de vaccination lancée par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSSP), de nombreux hôpitaux, des centres de santé et des dispensaires, à travers toute la République, sont devenus des sièges de vaccination anti-Covid. Malgré la méfiance de la population par rapport au vaccin, aujourd’hui, on compte environ 149 centres ouverts, à travers tout le pays.

C’est en juillet dernier qu’Haïti avait reçu sa première cargaison de vaccins contre la pandémie, via un don des États-Unis. Seulement sept mois après le lancement de la campagne de vaccination, on a remarqué une étonnante multiplication des centres de vaccination, même dans les lieux les plus reculés. Aujourd’hui, point besoin de se casser la tête pour se faire vacciner ! En moins d’un an, on est passé de 3 à 149 centres de vaccination dans les dix départements du pays.

Selon un rapport de « Our World in Data », publié récemment, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSSP) a réussi à administrer environ 224 000 doses de vaccin contre la Covid-19 en Haïti. Seulement 93 809 haïtiens ont reçu les deux doses, soit 0,8% des gens vaccinés. Toujours dans le cadre de la campagne de vaccination, le 9 février dernier, le pays a reçu un don de 88 920 doses Pfizer du gouvernement américain, dans le cadre du programme COVAX, pour la lutte contre la pandémie.

Cependant, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation mises sur pied par le MSSP en vue d’inciter la population à se faire vacciner, la majeure partie de la population ne cache pas sa méfiance par rapport au vaccin. Si certaines personnes s’abstiennent en raison du fait qu’elles redoutent les effets secondaires liés à ce dernier ; d’autres nient encore l’existence de la Covid-19 sur les terres d’Haïti; malgré la récente vague de grippe et de fièvre qui a submergé le pays au cours du dernier trimestre de l’année 2021.

Bien qu’aucune preuve scientifique n’ait encore révélé les origines de cette grippe dont les symptômes peuvent cependant correspondre à l’un des variants de la Covid, la prudence est de mise ! Le Ministre de la Santé Publique et de la Population avait pourtant annoncé, lors d’une conférence de presse le 6 janvier dernier, que des spécimens étaient en cours d’analyse, à l’étranger, dans des laboratoires spécialisés, en vue de vérifier s’il s’agissait réellement d’une grippe saisonnière ou du coronavirus. Environ un mois après cette déclaration, aucune réponse n’a encore été donnée par le Ministre, dans le cadre de cette initiative.

Face à la pandémie, les ressources du pays sont limitées. Entre crises sécuritaires, sanitaires et économiques, le MSPP et le Ministère de la Culture avouent ne pas savoir sur quel pied danser en ce qui concerne le carnaval de cette année. Ainsi, dans une note adressée par le Ministère de la Culture, celui-ci a officiellement déclaré l’annulation du carnaval national 2022, pour de graves raisons économiques, sécuritaires et aussi sanitaires. Toutefois, le gouvernement soutient qu’il accompagnera certaines mairies qui souhaiteraient organiser des festivités carnavalesques dans leurs communes respectives.

Cela fait quelques années déjà que le pays a perdu son éclat et ses couleurs, des années que le carnaval national porte nos deuils et notre désolation. Néanmoins, beaucoup de gens expriment leur mécontentement face à cette décision d’annuler le carnaval, car selon eux, c’est une période très bénéfique pour l’industrie musicale, les commerçants, pour tous ceux qui sont susceptibles d’apporter une touche de couleur lors des trois jours gras et de plus, il est impératif de ne pas laisser les maux du pays nous forcer à délaisser, petit à petit, nos vieilles traditions.

Partageant ce même avis, Lucsonne Janvier, maire a.i de Port-au-Prince a annoncé dans une conférence de presse le 15 février dernier, le lancement du carnaval communal de Port-au-Prince. Ces festivités auront lieu, selon la déclaration du maire, les 27, 28 février et 1er mars prochain, autour du thème : « Ann pote kole pou n’ sovetradisyonpeyi n »! En plus de Port-au-Prince, la ville de Jacmel, également, entend maintenir son carnaval traditionnel malgré toutes les contraintes qui  la pousseraient à faire le contraire !

Les citoyens dansent inconsciemment, sur  leurs propres  souffrances, alors que le pays connaît une crise multidimensionnelle sans précédent. Nous valsons à l’aveugle, entre crise sécuritaire, politique, économique et sanitaire. Le système de santé national est en chute libre, les ressources sont insuffisantes pour la population ; pourtant les gestes barrières deviennent de plus en plus inexistants dans les lieux publics et tous les dimanches, la présence des bandes à pieds dans les rues de Port-au-Prince, ainsi que celle des disc-jockeys (Djs) draînant des foules énormes sont souvent remarquées,  un vecteur dangereux de propagation de la Covid. Comme dit le vieux dicton : « Mieux vaut prévenir, que guérir ». Et dans le contexte difficile dans lequel se trouve Haïti, la prudence paraît être sa seule alliée !

Soulignons que les 149 centres de vaccination se répartissent comme suit : Le département du Nord compte 13 centres, le Nord-Est en compte 11, le Nord-Ouest 12, l’Artibonite 10, le Centre 14, la Grande-Anse 5, les Nippes 7, le Sud 13, le Sud-Est 8 et  le département de l’Ouest 56

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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