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L’affaire de la rivière Massacre : La fermeture des frontières haïtiano-dominicaines fera beaucoup plus de mal à la République Dominicaine qu’à Haïti lui-même, selon l’ancien député Deus Deronneth !

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La République Dominicaine durcit le ton face à Haïti en raison de la construction du canal sur la rivière Massacre. Toutes les frontières avec Haïti sont fermées depuis ce vendredi 15 septembre dans la matinée sur ordre du Président dominicain Luis Abinader. « La fermeture des frontières haïtiano-dominicaines risque de faire beaucoup plus de mal à la République Dominicaine qu’à Haïti lui-même », affirme l’ancien Député Deus Deronneth lors d’une interview accordée à Le Quotidien News ce jeudi 14 septembre 2023.

Luis Abinader passe de la parole aux actes. Les frontières haïtiano-dominicaines sont fermées. Les relations commerciales entre la Républicaine Dominicaine et Haïti sont temporairement suspendues. « Luis Abinader se laisse emporter par l’émotion et la passion avant de poser ses actions. La fermeture des frontières haïtiano-dominicaines entre les deux pays partageant l’île fera beaucoup plus de mal à la République Dominicaine », selon l’ancien parlementaire de l’opposition sous l’administration de Jovenel Moïse. « Le marché haïtien est sans doute celui qui est le plus rentable pour les Dominicains. Haïti est le plus grand marché des Dominicains. La suspension des liens commerciaux entre la République Dominicaine et Haïti va mettre Luis Abinader en face du secteur privé de son pays qui s’est beaucoup investi et qui de plus a une clientèle sûre en Haïti », poursuit l’ancien député de Marigot.

Pourquoi la construction du canal sur la rivière Massacre fait autant de mécontentement en République Dominicaine ?

Selon le député Deus Deronneth, la République Dominicaine profite d’un vide institutionnel en Haïti pour s’imposer. « Luis Abinader profite de la mauvaise gouvernance qui existe en Haïti et du fait qu’il y a à la tête du pays un gouvernement de transition qui n’est pas constitutionnel pour essayer de montrer que le pays n’est pas dirigé et que parallèlement la République Dominicaine est un pays organisé », confie M. Deronneth en soulignant, que sur ce point, « la République Dominicaine s’est grandement trompée car le gouvernement haïtien n’est pas le peuple haïtien ».

Le peuple d’Haïti a sa propre culture et ses propres coutumes. Quand  un étranger fait du mal à un Haïtien, les autres Haïtiens ont toujours tendance à s’unir pour combattre cet étranger, explique l’ancien parlementaire en soulignant que c’est donc cela qui est en train de se passer dans le dossier concernant la construction du canal sur la rivière Massacre  à Ouanaminthe

La construction du canal sur la rivière Massacre par la société civile haïtienne : un enjeu économique pour la République Dominicaine

La République Dominicaine se sent menacée, d’après l’ancien parlementaire. « Nous sommes considérés comme le premier marché de la République Dominicaine, dont elle se sert pour écouler constamment ses produits. À partir du moment où Haïti décide de relancer sa production agricole, la République Dominicaine va se sentir menacée », selon lui, en précisant que la République voisine est «  apeurée à l’idée que Haïti devienne un élément concurrentiel ».

D’après M. Deronneth, il faut que la République Dominicaine commence à vivre avec la peur que son voisin redevienne un élément concurrentiel en termes de production agricole. « Haïti va se relever un jour. Et le point sur lequel on va capitaliser pour développer Haïti va être la relance de la production agricole pour faire face à la concurrence qui existe en République Dominicaine […] », explique l’ancien élu à la députation pour la commune de Marigot.

Deus Deronneth a-t-il peur d’être sanctionné par les autorités dominicaines?

Le Président Luis Abinader ordonne l’interdiction d’entrer sur le territoire dominicain à 9  personnalités haïtiennes qu’il qualifie de « provocateurs » dans l’affaire relative à la construction du canal sur la rivière Massacre. Parmi lesquelles, figurent les noms de l’ancien Sénateur Jacques Sauveur Jean et celui du journaliste  Luckner Désir, dit Looko, et de Nader Joacéus, ancien ministre des TPTC. « Si on ne se défend pas Haïti, on est  plus des citoyens. Il nous revient de défendre notre patrie. Nous représentons ce que nous sommes, ce peuple qui a l’habitude de marquer l’histoire de l’humanité », dit-il en soulignant qu’il va contribuer avec ce qu’il a comme moyens pour encourager la construction du canal sur la rivière Massacre par la société civile haïtienne.

Un conseil à donner à la République Dominicaine ?

La façon dont la République Dominicaine est en train de traiter ce dossier doit être révisé, à en croire M. Deronneth. « Luis Abinader devrait consulter à nouveau les traités diplomatiques entre les deux pays sur la rivière Massacre. Comme élément de solution, Haïti et la République Dominicaine doivent mettre sur pied une commission de supervision internationale afin de regarder ce que la population civile est en train de faire comme construction et de faire que les normes soient respectées », souhaite-t-il.

Construction du canal sur la rivière Massacre en Haïti : retour à l’origine !

Selon le député Deus Deronneth, la rivière Massacre est une rivière utilisée à la fois par Haïti et la République Dominicaine. « Elle appartient à ces deux pays. Elle ne peut pas être départagée », déclare-t-il en précisant en ce sens qu’il y a un accord international entre Haïti et la République Dominicaine sur la rivière Massacre afin qu’elle soit considérée comme un patrimoine.

Sous l’administration de Jovenel Moïse, il y avait eu un accord entre les deux pays sur la construction d’un canal sur la rivière Massacre au profit d’Haïti,  explique l’ancien parlementaire. « Le gouvernement du Dr Ariel Henry n’a pas continué avec ce projet après la mort de Jovenel Moïse. Et pourtant, la population avait besoin de ce canal pour arroser les terrains et augmenter la production agricole. Ils décident à cet égard de continuer avec le projet de la construction du canal. La République Dominicaine en ce sens fait preuve de bouderie », précise-t-il en critiquant Luis Abinader qui, selon lui, s’est laissé emporter par son égo et ses émotions.

Coup d’oeil sur la position géographique de la rivière Massacre

La rivière Massacre, en espagnol appelée aussi rivière Dajabón par les Dominicains (Río Dajabón) est un cours d’eau international « dont les parties se trouvent dans des États différents », en se référant à la définition de la Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation de 1997. Elle est, de surcroît, un petit fleuve côtier qui a son embouchure du côté de l’océan Atlantique et un cours d’eau frontalier entre Haïti (rive gauche) et la République Dominicaine ( rive droite)

Aussi importe-t-il de préciser que la rivière Massacre prend sa source dans le Pico del Gallo, dans la Cordillère centrale dominicaine à 1205 mètres d’altitude, elle sert de frontière entre les deux pays, à savoir Haïti et la République. Elle atteint la mer dans l’embouchure de la Baie de Mancenille après avoir parcouru une distance de 55 km kilomètres. Son bassin couvre une superficie de 380 km2, dont 150 km2 dans le territoire haïtien et 230 km2 dans le territoire dominicain. Ses principaux affluents du côté haïtien sont la rivière de Capotille et la rivière Gens de Nantes. (Source : Wikipédia).

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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