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Le HCR appelle à la protection des Haïtiens fuyant les violences

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L’escalade de la violence continue d’aggraver la crise humanitaire dans le pays. Aujourd’hui, près de la moitié de la population se retrouve dans le besoin d’une assistance alimentaire. Rien que du 8 au 22 mars, 33 000 personnes ont dû fuir la capitale selon l’OIM. Pour le HCR, la situation est “alarmante”, et les États sont invités à stopper les déportations vers Haïti.

Les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles en Haïti. La guerre des gangs a fait plus de 1 100 victimes dans le pays depuis le début de l’année, dont plus de 530 morts, 300 blessés et 277 kidnappings au 15 mars. Le mois de mars a été très meurtrier dans le pays, car les gangs armés ont acquis un pouvoir immense. Durant les deux premières semaines du mois, le climat de violence a conduit à la mort d’au moins 208 personnes, 164 autres ont été blessées et plus d’une centaine de personnes ont été kidnappées, selon des informations partielles recueillies par le Service des droits de l’Homme du BINUH.

En plus de la violence armée, le pays fait face à une crise alimentaire catastrophique. Un rapport de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) publié ce samedi 23 juin 2023 indique que pour la période de mars à juin 2024, près de 5 millions de personnes sont classifiées comme étant en “insécurité alimentaire aiguë ” et par conséquent ont “besoin d’une action urgente pour combler leurs déficits de consommation alimentaire et protéger leurs moyens d’existence durant la période mentionnée”.

Le HCR émet de nouvelles orientations juridiques pour les réfugiés haïtiens

La dégradation de la situation en Haïti, en particulier à Port-au-Prince, a poussé des milliers de personnes à quitter leurs maisons, augmentant ainsi le nombre de personnes déplacées internes dans le pays. Plus de 160 000 personnes sont aujourd’hui exilées à l’intérieur de leur propre pays selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés. C’est ainsi que le HCR a émis cette semaine de “nouvelles orientations juridiques afin de garantir un accès à la protection internationale pour les Haïtiens qui en ont besoin”.

« La vie, la sécurité et la liberté des Haïtiens sont menacées par la montée en flèche de la violence des gangs et des violations des droits humains. Le HCR rappelle aux États qu’il est impératif de veiller à ce que les Haïtiens qui pourraient avoir besoin d’une protection internationale en tant que réfugiés en bénéficient », a indiqué Elizabeth Tan, directrice de la division de la protection internationale du HCR. « Nous réitérons également notre appel à tous les États pour qu’ils ne renvoient pas de force des personnes en Haïti, y compris celles dont la demande d’asile a été rejetée », a-t-elle ajouté.

Dans ses nouvelles orientations, le HCR considère que, conformément à la Convention de 1951 sur les réfugiés, les Haïtiens qui devraient être considérés comme éligibles à la protection des réfugiés peuvent inclure des militants politiques, des journalistes, des juges, des avocats et d’autres personnes luttant contre la corruption et la criminalité, parmi d’autres profils à risque”, peut-on lire dans un communiqué de presse du HCR daté du 20 mars 2024.

Le HCR estime également que les États peuvent envisager “d’accorder une protection complémentaire ou temporaire aux personnes originaires d’Haïti, ainsi que d’autres dispositions légales en matière de séjour, telles que le regroupement familial, les visas humanitaires et l’accès à des documents administratifs”. Selon l’agence onusienne, il existerait pas moins de 312 000 réfugiés et demandeurs d’asile dans le monde ainsi que des Haïtiens qui empruntent des voies clandestines afin de quitter le pays, au péril de leur vie.

Par ailleurs, malgré la situation catastrophique en Haïti, le République Dominicaine, dont les relations diplomatiques avec Haïti ne sont pas très bonnes, interdit l’entrée sur son territoire de toute personne munie d’un passeport haïtien. Le Président dominicain a sèchement rejeté l’appel du HCR à assouplir sa politique migratoire envers Haïti et indiqué que son pays n’autorisera “aucun camp de réfugiés sur le territoire dominicain pour des raisons historiques et de sécurité”. D’un autre côté, d’autres pays de la région comme les Bahamas poursuivent les déportations. 263 Haïtiens ont été rapatriés au Cap-Haïtien cette semaine, et les rapatriements pourraient continuer.

Clovesky André-G. PIERRE

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