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L’Université Quisqueya célèbre la mémoire des disparus du 12 janvier 2010!

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Le jeudi 12 janvier 2023, l’Université Quisqueya (UniQ) a organisé une cérémonie d’hommage aux victimes du tremblement de terre du 12 janvier 2010 dans ses locaux. Une cérémonie religieuse a d’abord eu lieu au mausolée, puis il y a eu une partie culturelle au Centre de Conservation de Biens Culturels. Et pour faire montre de solidarité avec le Village de Noailles, une exposition d’une trentaine d’œuvres en fer découpé est proposée au public du 12 au 19 janvier.

« Celui qui se relève est plus fort que celui qui n’est jamais tombé », c’est autour de cette pensée que s’est déroulée la cérémonie du souvenir à l’Université Quisqueya (UniQ). En cette circonstance, une messe a été chantée par le Père Josué Alexis et une gerbe de fleurs en mémoire des disparus a été déposée par le Recteur Jacky Lumarque accompagné de Yanick Lahens. 13 ans après le terrible tremblement de terre, Haïti se souvient. L’UniQ se souvient de Bòs Job, Bòs Toutou, Insley Calixte, Taïna Charles, Reginald Jean, Guillaume Louis, Pierre-Richard René, Lyndsay Ulysse, Wilfrid Atismé, Robenson Canger, Hachelette Jérôme, Claudy Joseph, Gesline Laguerre, Obicson Lilite, Odeline Morcy, Valcin Vibrun.

Le 12 janvier 2010 est une date qui a marqué la vie de tous les Haïtiens, autant ceux vivant sur la terre d’Haïti que ceux vivant à l’étranger. En effet, chaque Haïtien a une histoire à raconter, son histoire vis-à-vis de cet événement, comme l’a si bien dit le maître de cérémonie le Dr Marc Prou. Ce jour-là, la nation entière a été secouée. Aujourd’hui encore, elle l’est d’une autre manière. Ainsi, une minute de recueillement a été observée en mémoire de tous les disparus du tremblement de terre, en mémoire de toutes les victimes de catastrophes naturelles qui ont frappé le pays ces dernières décennies, mais aussi en mémoire de ceux frappés par l’insécurité meurtrière. 

Exposition d’œuvres en fer découpé des artistes du Village de Noailles

Effectivement, comme pour le 12 janvier 2010, le nombre exact des victimes de la machine de l’insécurité  n’a pas été  compté. En cette date symbolique, l’UniQ en a profité pour exprimer sa solidarité avec les habitants de la Croix-des-Bouquets, en particulier avec les artisans du Village de Noailles, poursuivis par des bandes armées depuis le quatrième trimestre de 2022. Une exposition d’une trentaine d’œuvres a été organisée sur le campus de l’UniQ du 12 au 19 janvier de 9 heures à 16 heures.

« Le Village de Noailles est un patrimoine culturel d’une valeur inestimable », a déclaré Jean Eddy Rémy, président de l’Association des Artistes et Artisans de la Croix-des-Bouquets (ADAAC). Dans son intervention, via la plateforme de réunion Zoom Meeting, ce talent pur dans l’art de découper le fer n’a pas manqué de faire l’éloge de son village natal, mais aussi de dénoncer les actions criminelles qui visent à complètement détruire ce dernier. « Depuis octobre 2022, deux groupes armés ont envahi la Croix-des-Bouquets et terrifient la population. Le Village de Noailles héberge des centaines de familles, compte plus de 75 ateliers, 500 artistes et artisans, 10 temples vaudou, sans compter les églises et les écoles. Aujourd’hui, le Village est inactif, beaucoup se sauvent pour s’installer ailleurs », a déclaré Jean Eddy Rémy.

Les conséquences de l’insécurité sur le patrimoine historique reconnu par l’UNESCO ne sont pas des moindres. À cause des actions des groupes armés, beaucoup de familles sont sans logement, d’autres sont obligées de louer des maisons dans d’autres endroits. Des artistes sont obligés de s’isoler et même de changer de métier en intégrant le secteur de taxis moto et autres. Le membre fondateur du Centre Culturel SELIDE appelle donc les autorités à prendre leurs responsabilités envers le Village de Noailles qui fait partie du patrimoine historique et culturel haïtien à sauvegarder.

Les mots émouvants des représentants de l’UniQ

La partie culturelle a été très émouvante. Les mots de Yanick Lahens, écrivaine et membre du Haut Conseil de l’UniQ ont su capter l’attention du public. En guise de discours, la romancière a procédé à la lecture de quelques passages de son roman Failles, paru la même année que le séisme aux éditions Sabine Wespieser.  Au cours de cette lecture, Yanick Lahens a abordé les ravages  du séisme sur la population, les séquelles qu’a laissées ce dernier et les dangers liés aux failles géologiques et sociales sur la vie nationale. L’écrivaine a conclu sa vibrante lecture sur une note d’espoir par cette phrase emblématique: « Haïti n’est ni un cauchemar, ni une carte postale »!

Le Recteur Jacky Lumarque, quant à lui, a salué la mémoire des disparus et ainsi que les familles des victimes présentes dans l’assemblée. Le Recteur Lumarque a pointé du doigt le silence institutionnalisé et la culture de l’oubli des Haïtiens. « Ce devoir de mémoire participe aussi à la cohésion de notre société, pour que les jeunes et les moins jeunes puissent se sentir appartenir à la nation, à une histoire commune. Il me paraît important de ne pas oublier, de garder précieusement en nous-mêmes le souvenir de nos disparus victimes de mort violente, et que l’on n’a  pas pu malheureusement accompagner vers la Paix comme il l’aurait fallu. Il nous faut lutter contre l’oubli. Je ne parle pas de l’oubli individuel consécutif  à des événements traumatisants », a fait savoir le Recteur Lumarque.

13 ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le pays se souvient encore d’une certaine manière de cet événement. Même si l’oubli semble général puisque les constructions ne sont toujours pas normalisées et que les infrastructures ne sont toujours pas adaptées au risque sismique du pays. 13 ans après le tremblement de terre, le pays est en proie à une grave crise multidimensionnelle. Il est essentiel que les Haïtiens se souviennent de leur histoire pour mieux préparer l’avenir.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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