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Port-au-Prince, une  capitale assiégée par des groupes armés !

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Assiégée depuis le 29 février 2024 par des bandes armées,  la violence est comme à son paroxysme à Port-au-Prince. Des balles pleuvent partout, des innocents sont tués. D’autres ont été contraints d’abandonner leurs foyers. Des entreprises, des écoles, des universités et des hôpitaux ont été vandalisés, pillés et incendiés par les gangs armés. Les malfrats  ont mené plusieurs attaques contre des sous-commissariats et ont assassiné plusieurs policiers. En dépit de ce constat alarmant, le pire reste à craindre.

Les individus armés règnent en seigneur des lieux à Port-au-Prince et ce, depuis le 29 février 2024, date à laquelle plusieurs sous-commissariats et policiers ont été respectivement attaqués et tués. Après l’assaut des gangs armés dans la soirée du 2 mars 2024 contre la prison civile de Port-au-Prince, ils sont au nombre de 5000 prisonniers qui se sont évadés du pénitencier national de Port-au-Prince et de la prison civile de la Croix-des-Bouquets. Aussi rappelle-t-on, selon l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) à travers une Note de presse parue le 4 mars 2024 que « sur un total de 3798 prisonniers et détenus à la prison civile de Port-au-Prince, 3700 se sont évadés. À la Croix-des-Bouquets, 1033 se sont enfuis, dont 298 condamnés, soit l’effectif total, tandis que 20 personnes dont 6 policiers en isolement au commissariat de Delmas 33 ont pris la fuite ».

Les civils armés s’en sont également pris aux agents des forces de l’ordre. Lors d’une attaque menée contre le sous-commissariat de Bon-Repos le jeudi 29 février 2024, des individus armés ont assassiné plusieurs policiers, saisi un véhicule blindé et incendié le sous-commissariat. Selon les informations qui ont été rapportées par l’Office de Protection du Citoyen (OPC) à travers une Note de presse, cinq (5) membres de la PNH ont été tués au sous-commissariat de Bon Repos dépendant du commissaire de la Croix-des-Bouquets alors qu’ils se trouvaient en service pour le compte de l’institution policière durant cette attaque.

Le dernier policier tué est Joveny Duplan, un agent du Corps d’intervention spécialisé pour le maintien de l’ordre (CIMO). Issu de la 27e promotion, ce dernier a été abattu par des individus armés le lundi 25 mars 2024 à Carrefour Vincent, avait rapporté le Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA) sur son compte X.

Port-au-Prince : chaos

Mis à part les différentes attaques contre les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), les malfrats ont également pillé et incendié certaines entreprises privées, écoles et universités. Le dimanche 24 mars dernier, les bandes armées ont réduit en cendres une bonne partie de la rue de Réunion. Les malfrats ont incendié des maisons, des véhicules, des marchandises et d’autres biens.

Les bandes armées poursuivent leurs offensives à Port-au-Prince. Ces derniers jours, les malfrats ont pillé et incendié des écoles, des hôpitaux et des commerces en lançant des attaques simultanées dans différents quartiers de la capitale, visant à défier les autorités policières et à prendre d’assaut leurs bases.

Attaque contre les écoles et les universités : le MENFP réagit

Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle ( MENFP) dénonce et condamne les actes de violences enregistrés contre les écoles et les universités qui jouent un rôle fondamental dans une société.

Selon le MENFP, les différentes attaques subies par les écoles, les universités, où les archives scolaires ont été détruites, ont pour conséquence de détruire un élément central dans la société. « Les deux dernières attaques contre les écoles et les universités à Port-au-Prince sont celles enregistrées contre l’Ecole Mixte des Frères Nau et l’Ecole Normale Supérieure ( ENS) qui ont vu toutes les deux leurs locaux incendiés par des bandits armés », dénonce le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle.

Le MENFP rappelle par ailleurs que l’Ecole Normale Supérieure est l’une des plus grandes et plus anciennes institutions du pays spécialisée dans la formation des enseignants qui, eux, offrent leurs services dans les écoles publiques et privées du pays. « Il n’y a pas de pays sans éducation. Il n’y a pas d’éducation sans école. Et à l’aide de l’école, tous les enfants  peuvent réaliser leurs rêves. Il est temps pour que les actes de violences et vandalismes contre les écoles et les universités cessent», peut-on lire dans le communiqué de presse du MENFP.

Le MENFP dit envoyer ses sympathies à toutes les personnes qui sont victimes des actes de violence et de vandalisme dans la société, dont les membres de la famille Maurice Antoine, l’un des anciens cadres de l’institution et comptable du bureau du Secrétaire d’État à l’alphabétisation qui a été tué par des bandits armés le jeudi 28 mars 2024.

La PNH riposte !

Dix-sept présumés bandits mortellement blessés, dont les chefs de gangs Ernst Julmé, alias  » Ti Grèg » et Makandal, dix-sept armes à feu saisies: fusils de calibre 12, AK47, pistolet 9mm et M4 et un véhicule confisqué, lors des opérations et interventions menées par la PNH du 29 février au 26 mars 2024, selon les informations rendues publiques par la PNH. «Ces opérations et interventions ont été menées suite aux attaques perpétrées sur des institutions publiques et privées par des individus lourdement armés voulant, à tout prix, instaurer un climat de terreur dans la région métropolitaine de Port-au-Prince », a-t-on précisé.

Les États-Unis volent au secours de la Police Nationale d’Haïti

Le Président américain, Joe Biden, a autorisé mardi le Secrétaire d’État américain Antony Blinken à fournir à la Police Nationale d’Haïti jusqu’à 10 millions de dollars d’armes, de munitions, de gilets pare-balles et de casques provenant d’un stock du Ministère de la Sécurité intérieure, selon le journal américain Miami Herald.

À en croire Karine Jean-Pierre, la secrétaire de presse de la Maison Blanche, ce programme d’assistance aidera les forces de sécurité haïtiennes à protéger les civils et les infrastructures critiques contre les attaques de gangs organisées et ciblées. « Notre soutien vise à aider les Haïtiens à rétablir la sécurité, l’ordre et l’État de droit et à protéger les civils, tout en restant déterminé à soutenir les efforts menés par les Haïtiens pour une transition pacifique du pouvoir », a-t-elle déclaré. Il reste à savoir à présent, quand est-ce que ces matériels seront en possession de la PNH ?

Le déploiement de la Force Multinationale en Haïti est toujours dans l’impasse

La population est aux abois. Les attaques coordonnées des bandes armées depuis le 29 février 2024 paralysent la région métropolitaine de Port-au-Prince qui est, aujourd’hui, au bord d’une catastrophe humanitaire.  Les hôpitaux et les écoles sont fermés. Des tirs nourris obligent le principal port maritime et aéroport du pays à rester fermer. Les gangs armés continuent d’être les seuls maîtres à bord alors que les Républicains du Congrès bloquent une demande du Département d’État américain de 40 millions de dollars pour une aide à la sécurité en vue du déploiement d’une mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti.

À titre de rappel, cette mission multinationale pour le maintien de la paix en Haïti devrait être dirigée par le Kenya. Ce pays d’Afrique de l’Est a accepté d’envoyer 1 000 de ses policiers comme colonne vertébrale d’une force internationale pour aider la police haïtienne à combattre les gangs, mais a déclaré qu’il ne déploierait pas ses policiers sans cet argent et un gouvernement en Haïti comme interface.

Par ailleurs, il importe de préciser que l’administration Biden n’a pu accéder qu’à 10 millions de dollars sur les 100 millions de dollars que le Département d’État a promis pour financer  la mission. L’argent est soumis à l’approbation de la commission des relations étrangères du Sénat et de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants. Le Pentagone a promis 200 millions de dollars supplémentaires.

Entre-temps, les ambassades notamment  celles des États-Unis, du Canada et de la France, ont continué à évacuer leur personnel et les citoyens de leur pays via des vols en hélicoptère depuis Port-au-Prince.

Mercredi, l’ambassade de France a déclaré que plus de 170 de ses ressortissants et près de 70 autres ressortissants européens et de pays tiers avaient été évacués par des hélicoptères de l’armée française. Les évacués ont été transportés à bord d’un navire de la marine française au large d’Haïti pour être transportés à Fort-de-France, sur l’île caribéenne de la Martinique alors que pendant ce temps les déplacés internes se multiplient à Port-au-Prince.

Parmi les 362 000 personnes actuellement déplacées à l’intérieur du pays en raison d’enlèvements et d’attaques de gangs, plus de 15 000 ont été contraintes de fuir leurs foyers au cours des trois dernières semaines et plus de 33 000 ont quitté la capitale, se réinstallant principalement dans la région du sud, a indiqué l’ONU.

Il importe de rappeler que, dans son dernier rapport sur l’escalade de la violence, l’UNICEF, la principale agence des Nations Unies pour la protection de l’enfance, a déclaré que la plongée de Port-au-Prince dans le chaos a conduit à la fermeture de centaines d’écoles et laissé d’innombrables familles et enfants sans soutien essentiel .

La Rédaction

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