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C’est le seul temps où on n’a ni devoir ni obligation

Par Max Dorismond

Quel ne fut mon étonnement de voir la liste des 46 compatriotes qui ont pris l’avion pour aller à la COP26, la conférence sur le climat à Glasgow en Écosse, où même une petite photo de l’île des Caïmites dans le Grand-Sud, à moitié submergée par les flots, ne sera exhibée pour sensibiliser les invités. Aucun lutrin ne fut offert à nos représentants pour prononcer un seul mot, pas même l’onomatopée HA, pour Haïti. Et pourtant, ils étaient 46. Quarante-six noirauds dans la pièce d’à côté ! Mais quel vent les a poussés aussi loin de leur île ? Gaspillage, quand tu nous habites !

À voir la liste de ces 46 touristes en environnement qui ont débarqué de l’avion, les Glasvégiens étonnés ont dû se dire que cette gentille petite île est sans doute la plus propre au monde, un petit paradis, tant ses citoyens sont des passionnés du climat. Sa cohorte ne ratera pas une virgule de la COP26. Pauvre de nous !

Pour un pays qui se cherche, pour un coin qui s’interroge sur son devenir, en ces temps très durs où le vide institutionnel se fait le plus sentir, où l’urgence en la demeure interpelle, le Premier ministre Ariel Henri a-t-il succombé à la pression de ses employés pour éviter d’être « jovenélisé » à son tour ? Je le comprends, même pour un per diem1, certains n’hésiteraient point à utiliser des Colombiens pour l’envoyer en visite chez St-Pierre. Donc, pas de petits jeux à la roulette russe. Ce sont, ironise-t-il, des environnementalistes. On les emmène tous ! « Venez, il y aura des per diem pour tout le monde » Et tournant la tête, il marmonna entre ses dents : « Nou pa vin change peyi ici pou pèson! ».

L’assassinat de feu le président trop exigeant est-il un handicap permanent pour Haïti ? Oui et non ! De prime abord, certaines ardeurs seront refroidies. C’est dans la nature des choses. Mais, à l’autre extrême, il existe des hommes déterminés que la pression répugne, que le danger attire naturellement : ce sont des révolutionnaires nés pour défier la mort, pour braver les interdits.

Dans la même lignée, nous côtoyons aussi chez nous des gens allergiques à la corruption, de super compétents, de super intelligents qui pensent vraiment pays, mais qui rasent les murs et ne veulent se commettre pour l’instant. Laissons au temps le temps de s’en charger.

En attendant, jouons au devin en rêvant un peu : imaginons que le hasard, qui arrange souvent très bien les choses, nous arrive avec un congénère qui s’est mué en brave pour tenter le diable. Des deux mains, je l’encouragerais à suivre les traces de ce président africain qui vient d’être terrassé le 22 mars écoulé, par une crise cardiaque, le Dr John Pombe Joseph Magufuli, qui dirigeait la Tanzanie.

Nous savons habituellement comment se terminent les mandats de ces élus. Point n’est besoin de pérorer dessus, ce n’est pas du chinois pour nous. La France à elle seule en a refroidi 23. Ce qui n’a pas empêché pour autant Paul Kagamé d’humilier l’Hexagone et placer le Rwanda au rang des pays les plus évolués, après un sauvage génocide provoqué. Il en fut de même pour ce Magufuli reconnu par ses pairs comme le plus grand, le plus honnête des présidents africains en ce début du XXIèm siècle. Il avait imposé le respect. « C’est un combattant de la corruption » selon les mots du dirigeant sud-africain Cyril Ramaphosa. C’est un phare.

 Ainsi, j’offre Magufuli comme modèle, au prochain élu sciemment choisi par « légitimité populaire », et non par les aiguillons des Américains, pour conduire notre nation hors des sentiers de la stupidité, de la gabegie, des tordages de bras, etc. Pour comprendre cette recommandation, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous pour écouter, réfléchir et espérer : https://youtu.be/isym_qrN968

Max Dorismond      

NOTE

1 – Per diem : Expression latine très utilisée dans l’administration haïtienne. « Elle désigne l’indemnité prévue pour rembourser les frais quotidiens assumés par une personne en déplacement dans l’exercice de ses fonctions ». (Banque de dépannage linguistique).

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