sam. Déc 14th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Symbolisme du 17 octobre pour les Haïtiens,  retour dans le passé!

4 min read

Le 17 octobre est une date symbolique pour tous les Haïtiens. Elle rappelle la mort du premier Empereur d’Haïti et père de la nation, Jean Jacques Dessalines en 1806. Depuis, cette date est restée dans les annales de l’histoire haïtienne et a été déclarée jour férié. Elle a donné l’occasion  de débats autour de la politique et de l’idéal de Dessalines, et depuis quelques années, sa signification symbolique a pris une autre forme. Le 17 octobre devient à présent la date idéale pour les revendications sociales et politiques de la population haïtienne!

Au lendemain du 17 octobre 1806, la population haïtienne était bouleversée par la mort de l’Empereur au Pont-Rouge. Depuis, tous les 17 octobre qui suivent, on commémore la mort de Dessalines. L’histoire relate les faits. Les élèves étudient l’événement sur les bancs d’’école. Des causeries et débats ont lieu souvent autour de la mort et de la politique menée par Dessalines. Par ailleurs, tout le monde n’aborde pas la question de la même manière. Dans le temps, pour certains, Dessalines était un tyran et un sanguinaire, à cause du fameux massacre des Français. Aujourd’hui, les discours ont beaucoup changé. D’ailleurs, il ne s’agit plus à présent de commémorer la mort de l’Empereur mais aussi de célébrer sa vie et ses œuvres.

Dessalines a été assassiné et son corps a été emporté par une femme. C’est ce que raconte l’histoire. Et selon elle, ce n’est qu’en 1842 qu’une cérémonie funéraire a été organisée en l’honneur de Dessalines aux Cayes, par le Président Lysius Salomon Jeune. Durant cette même époque, les travaux littéraires et historiques, et les œuvres artistiques ont décrit l’Empereur sous un angle beaucoup plus objectif. Et à partir de là, les discours ont évolué. Dessalines est passé de tyran à nationaliste et libérateur. Le jour de sa mort a été alors consacré jour de deuil national et toutes les activités commerciales de la société civile, les écoles devaient chômer et le drapeau national devrait être en berne en sa mémoire. Cette journée qui commémore sa mort  est aussi l’occasion de produire et d’échanger des réflexions sur la vie du fondateur de la nation haïtienne.

À travers l’histoire d’Haïti, tous les 17 octobre ne se ressemblent pas. Il y a les 17 octobre à l’ère de la dictature et les 17 octobre à l’ère de la démocratie. Et beaucoup plus récemment, les journées de commémoration de la mort de Dessalines s’avèrent prendre un sens différent des années précédentes. Aujourd’hui, cette date symbolique trouve vie dans les luttes et les revendications populaires. Depuis quelques temps, précisément à partir de 2018, dans le cadre du Petrocaribe Challenge, cette journée historique a été l’occasion pour la population de pointer du doigt les principaux  responsables dans cette affaire et de reprendre la lutte pour une société plus juste bâtie sur l’équité que voulait Dessalines avec la Constitution impériale du 20 mai 1805.

Depuis la mort du père de la nation, le peuple haïtien est orphelin. Il vit dans la misère et la pauvreté. La situation sécuritaire, sociale, économique et politique en Haïti est de plus en plus difficile, au fur et à mesure que les années passent. La société que voulait bâtir l’Empereur a apparemment été assassinée avec lui. L’empire dessalinien reste une utopie, aujourd’hui encore. Ainsi, en vue de continuer la lutte  morte prématurément avec l’Empereur, les jeunes militants politiques font de cette occasion un jour où il est essentiel de poser des questions aux gouvernants sur leur ingérence et sur les tous les problèmes d’ordre social et économique auxquels fait face la population.

Cette année, le 17 octobre ramène les 216 ans de l’assassinat de Dessalines et le pays est à son plus bas niveau. Haïti régresse sur tous les points. Ce 17 octobre, des citoyens ont encore foulé les rues pour faire part de leurs revendications. Cette date symbolique ne peut en aucun cas être passée sous silence et de manière ordinaire. Le mouvement qui paralyse les activités depuis près d’un mois, a bien continué jusqu’à cette date. Et pourtant, les pneus enflammés, les jets de pierres et les pillages ne semblent pas déranger la Primature qui maintient sa décision de supprimer les subventions sur les produits pétroliers. Le Premier Ministre Ariel Henry semble être sur son petit nuage et ignorer les problèmes que les militants pointent du doigt.

D’ailleurs, les activités scolaires dans le pays sont toujours au point mort, alors que la première moitié du mois d’octobre est écoulée. Après 218 ans d’indépendance, le défi est le même: sortir des griffes de l’oppresseur! N’est-ce pas les Haïtiens eux-mêmes (incapables de s’asseoir ensemble pour un projet national) qui se dressent comme leur principal oppresseur ? La première République noire libre semble avoir oublié le sens des mots liberté, égalité, fraternité, souveraineté et indépendance. La corruption ronge les institutions étatiques et détruit les fondements de la société. Haïti est devenue, pour certains, la République des ONG et la terre des mendiants. L’insécurité envahit le territoire. Aujourd’hui, le pays est exactement le contraire du pourquoi de la guerre pour l’indépendance. Le pays sombre dans le chaos. Plus d’un se demandent: Dessalines a-t-il été assassiné en vain?

Leyla Bath-Scheba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

Laisser un commentaire