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Absence d’une mère, témoignages de douleurs et de remords

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Il y a de ces douleurs sur lesquelles on ne saurait mettre un nom: la perte d’un être cher unique. Un enfant abandonné, un orphelin ou un adopté sont les seuls à pouvoir expliquer cette douleur qui ronge l’âme mais dont pourtant personne ne parle. Pour cette journée de la célébration des mamans, cette catégorie de personnes témoigne  de sa douleur.

« Je pourrais bien expliquer ce que représente l’absence d’une mère dans la vie de son enfant, mais l’amertume qui surgira après sera trop insupportable. C’est un sujet dérangeant que je voudrais oublier malgré moi », avoue tristement Yvie devant ce sujet qui semble la plonger dans une profonde tristesse.

La perte d’une mère est un sujet douloureux que personne ne veut faire remonter à la surface. Le visage crispé, le regard profond et l’air abattu, les personnes questionnées peinent à répondre à la fameuse question, comment est la vie sans une mère ? Certains s’énervent et d’autres hésitent, sauf qu’ils finissent tous par pleurer. Adèle a fait le premier pas, elle explique :

« Je suis une adoptée, ma douleur a été double. Lorsque j’ai su que ma mère n’était pas ma vraie mère, ce fut le choc. J’aimerais voir les yeux de celle qui m’a donné la vie mais hélas, ce sont les miens que je regarde dans le miroir, pleins de larmes.

À la place de  l’ancien cimetière de Pétion-ville, certaines marchandes jettent des pierres à des enfants vulnérables qui essaient de leur voler quelque chose pour se nourrir. Pas trop loin se trouve Ricky, proche de la dizaine, toile à la main, nettoyant une voiture. «  J’avais deux ans quand ma mère est morte, son absence a gâché ma vie. Mes tantes me traitaient si mal que j’ai fini par atterrir dans la rue », raconte-t-il.

En réponse à la fameuse question, essoufflée, larmes à l’œil et au bord d’une crise, une marchande  se trouvant toujours au même endroit, se confie : « Nous sommes des morts en vacances. Comment vivre sans la personne qui t’a mis au monde et réussir à être épanoui ? Non, une partie de nous est morte avec notre mère et cette souffrance est éternelle. Je te jure que je me sens comme morte avec ma mère ».

Pour sa part, Claude veut rendre sa mère fière de lui de là où elle est. Il a réussi son baccalauréat et étudie la médecine. Sa mère est morte durant son accouchement et lui, il veut apprendre à sauver des vies. « Je veux être digne d’avoir vécu sans une mère. Elle me protège de là-haut et je veux réussir rien que pour elle. Si elle était là, ce manque qui m’empêche d’aller plus vite serait comblé. Je pleure dans ma chambre parce que je suis un homme. Mais la douleur n’a pas de sexe ».

Entre les accusations et les remords, certaines personnes n’arrivent pas à pardonner à d’autres, les pointant du doigt comme responsables de leur sort. Marc accuse son père d’avoir abandonné sa mère enceinte. « Elle était jeune et faible, dit-il. Elle vendait des denrées à Port-au-Prince et le trajet à pied partant de Kenscoff l’avait épuisée. Entre les humiliations et la douleur, elle a craqué. Jamais, je n’adresserai la parole à mon idiot de père ».

Omeline vit en République Dominicaine depuis 2004. Elle accuse sa famille d’avoir envié la belle vie de sa mère et de l’avoir exposée aux réalités cruelles de la vie alors qu’elle n’avait que huit ans. « Mon père pouvait tout donner à ma mère. Mais sa famille refusé le mariage. Elle pratiquait de la sorcellerie pour empêcher cette union alors que ma mère était enceinte. Je me suis retrouvé à errer comme une dingue dans les rues de Santo Domingo, seule, pendant qu’on refusait à ma mère le droit de venir me voir ».

Les personnes mariées n’échappent pas à ce genre de douleur. Le vide ressenti est universel. Leur nouvelle famille construite n’a pas aidé à faire oublier le passé. « J’ai perdu ma mère à 23 ans, malgré toutes mes capacités physiques, je n’arrive pas à m’adapter à cette perte. Même ma femme et ma fille n’arrivent à la remplacer, elle était unique », explique René, professeur de langues.

Jeannette, mère de famille raconte : « Ma mère est morte et j’avais 19 ans. Je suis rapidement passé de femme forte a une maigrelette anémiée. J’ai 53 ans, une famille épanouie mais, je suis encore coincée entre les douleurs de cette perte et les misères subies entre les mains de mes belles-mères ».

À la mort d’une mère, une autre femme procède souvent à l’éducation des enfants pour aider les pères dans le processus. Les témoignages sont parfois en leur faveur puisqu’il existe des femmes nées avec l’instinct maternel dont les fils d’autrui peuvent bénéficier. Richard vit avec sa belle-mère depuis l’âge de 5 ans. Il témoigne : « C’est comme ma vraie mère. Cette femme m’aime comme si j’étais sorti de son sein. Il y a de belles mamans qui viennent du ciel. Elle m’a nourri et m’a protégé. Je lui dois la vie ».

Entre les remords, la douleur est unique. Le vide, la quête du bonheur, un voyage sans fin vers la source d’approvisionnement en amour, un mirage pour les cœurs meurtris par l’absence de la seule personne capable de guérir tous les maux en un sourire, un regard et un geste. Ce geste emporté par la cruauté du temps. Un deuil qui jamais ne finira…

Genevieve Fleury

Genevievef359@gmail.com

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