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La transition de la détresse!

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Une nouvelle transition s’impose à nous. Ce n’est pas sans notre complicité. Nous l’avons préparé énergiquement. Et nous devons l’assumer malgré nous.

En Haïti, les gangs armés sont en train d’anéantir la capitale. Cela fait plus d’un mois que les habitants de Port-au-Prince vivent dans le chaos absolu. Toutes les activités sont au point mort. Ni le commerce informel, ni les banques commerciales, ni les maisons de transfert, entre autres, ne fonctionnent comme à l’accoutumée. Quel va être le sort de cette communauté dont la majeure partie vit au jour le jour? Combien de temps va-t-elle résister encore dans ce contexte délétère ? De quoi vivent-ils, ceux qui ne peuvent pas abandonner la capitale ?

Les gangs agissent comme des chiens enragés.  On dirait qu’ils veulent tout emporter avec eux dans leur tombe. Au départ, ils chassaient les malheureux de chez eux. Maintenant, ils les torturent même dans les camps de refuge où ils côtoient la misère et la faim. Ils détruisent tout sur leur passage laissant la population sans travail, sans hôpitaux, sans écoles, sans nourritures ni eau potable, sans port ni aéroport. Le pays risque la plus grande catastrophe humanitaire de tous les temps.

On est comme une vieille voiture abandonnée sur une pente. Sans moteur, sans les autres pièces essentielles à son fonctionnement. La communauté internationale, dans son obstination, veut la pousser pour donner la fausse impression que ça va aller. Elle sait pertinemment que c’est aux pannes qu’il faut s’attaquer mais, elle veut profiter de la pente pour faire bouger l’appareil, convaincue qu’après la pente, le blocage sera plus conséquent.

Haïti est à l’agonie. La détresse est à son comble. La communauté internationale nous impose une solution, aux yeux de tous, préfabriquée. Une sortie de crise qui débouchera, très possiblement sur des contentieux plus chroniques. Il semblerait que l’imposition du Gouvernement monocéphale n’était pas suffisante. Elle augmente la dose. Elle nous fait une autre prescription. Et, à présent, la nouvelle ‘’gaguère’’ sera désormais le Palais national.

En termes de gouvernance inclusive, c’est une innovation hors pair. Les heureux élus du Conseil Présidentiel (CP) doivent à la CARICOM de fières chandelles pour cette prouesse. Au moins six regroupements politiques antagoniques vont devoir s’entendre pour délibérer sur quoi que ce soit. Obligation qui était impossible à une seule structure ou, disons mieux, à un Président élu. On aura tout vu. Pays particulier, expérience particulière. Un CP qui va naître avec tous ses éléments de blocage.

Combien de fois la CARICOM a fait cette expérience et l’a réussie ? Dans quel pays, a-t-elle expérimenté ce modèle auparavant ? Considère-t-elle Haïti comme un laboratoire? Qu’est-ce qui va empêcher les membres du Conseil de se marcher sur les pieds les uns  les autres? S’il est vrai que les membres du CP perdront leur droit de se présenter aux futures élections, ce n’est pas le cas pour les structures qu’ils représentent, comment vont-ils faire pour garder leur neutralité par rapport au processus? C’est un pari risqué qu’a fait la CARICOM. Sans vouloir être un oiseau de mauvais augure, la chance que cela se passe bien pour le pays est minime.

Toutefois, cette opportunité exploitée par cette structure régionale et cette imposition qu’elle a faite est le résultat d’une conjoncture turbulente. Une occasion offerte par un combattant qui est sur le tapis et qui capitule. Les élites haïtiennes et la communauté internationale ont tout manigancé pour forcer la nation à hisser son drapeau blanc. Et, cerné de toutes parts, elle n’a d’autre choix que de: « vale remèd chwal la ». Puisqu’elle est en détresse, elle n’a d’autres issues. C’est à prendre ou à laisser.

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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