Le recensement en Haïti : une opération qui peine à être résolue au fil des ans
4 min readLe recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) est une opération vaste et complexe mise en place par les États. Il fait le décompte de toute la population d’un territoire tout en donnant des informations précises sur la répartition géographique, la répartition en termes d’âge et/ou de sexe, les conditions de vie etc…
Il faut dire que c’est un évènement très coûteux compte tenu des ressources humaines, financiers et matérielles nécessaires mises en place pour son aboutissement. Dans les pays sous-développés, le recensement est financé par le gouvernement central ainsi que des bailleurs de fonds traditionnels comme la Banque Mondiale, la Banque Interaméricaine de Développement (BID), les Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) etc… Ce dernier fournit aussi un apport technique pour s’assurer de la qualité du dénombrement. Dans le cadre de cette recherche, nous nous intéressons à un pays particulier, notre chère Haïti. Justement, au cours de son histoire Haïti a connu quatre (4) RGPH (1950, 1971, 1982, 2003).
Le tout premier, en 1950, a été réalisé par le « Bureau du Recensement » et c’est suite à ce recensement qu’a pris naissance l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Il aura fallu attendre vingt-et-un an , soit 1971, pour procéder à un second recensement ; pourtant d’après les recommandations de l’ONU , le recensement doit se faire chaque 10 ans. S’il est vrai qu’on peut clairement constater qu’Haïti ne suit pas ce rythme, une chose est sûre, c’est que nous n’avons pas les moyens nécessaires pour financer un tel processus (ou cela n’entre pas dans la volonté des dirigeants).
En 2003 la Population haïtienne était estimée à plus de huit (8) millions d’habitants suite au dernier RGPH, mais depuis, la densité de la population a bien évolué. Trois ans après le séisme meurtrier de 2010, l’IHSI a posé les jalons pour le projet du cinquième RGPH afin de dénombrer la population dite rescapée. Ce projet a stagné pendant plus de six (6) ans malgré les différentes méthodes envisagées. À titre d’exemple, en 2019, l’IHSI comptait environ 20 000 tablettes électroniques et 3500 ordinateurs portables dans le but de réaliser un recensement numérique. Placée sous le leadership du Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et l’IHSI comme chef d’exécution, la phase des collectes de données était prévue pour Mai-Juin 2019 tandis que les résultats préliminaires étaient fixés pour le mois d’Octobre, et les résultats finaux pour le mois de Décembre de cette même année. Plus d’une année après la programmation de cette collecte de données, rien n’a été fait et les informations peinent à être divulguées sur la non-tenue de ce cinquième RGPH. Que s’est-il passé enfin ? Les bailleurs de fonds ne s’étaient-ils pas alignés sur le fond manquant ?
Dans un monde en pleine mutation démographique et économique où les pays s’alignent sur de nouveaux engagements internationaux comme l’Agenda 2030, Haïti doit profiter de la vague de recensement 2020 (qui s’étend entre 2015 et 2024) pour réaliser ce cinquième RGPH, sinon les générations futures , tout comme la nôtre, ne connaîtront ce que c’est le développement faute de données pour procéder à une vraie planification de la société. À l’époque où nous sommes, nous ne pouvons plus nous baser sur des estimations mais de préférence sur des données fiables. Nous savons pertinemment que le nombre d’habitants du pays ne cesse d’accroître malgré la migration de bons nombres d’haïtiens vers d’autres horizons. Dans une allocution en Octobre 2018, le ministre de l’agriculture Jobert C. Angrand a fait savoir que la population augmente à un rythme annuel de 1,5% , ce qui veut dire que le nombre de personnes à nourrir augmente continuellement. Ainsi de grandes décisions s’imposent, en particulier sur le plan de l’agriculture. Pour une bonne prise de décision , les informations doivent être fiables et le recensement est le meilleur moyen de les obtenir.
En outre, cela pourrait permettre aussi à son excellence, ( le Président Jovenel Moïse) de ne plus se tromper, à l’avenir, sur le nombre d’haïtiens vivant sur le territoire, tantôt 12 millions, tantôt 14 dans ses allocutions.
Il est donc juste que cette question taraude plus d’un d’entre nous: Quand aura-t-on ce 5ème RGPH, pour pouvoir enfin des informations concrètes sur la population d’Haïti après le recensement de 2003?
Sources :
Blayter JOSEPH
Étudiant en Sciences Économiques 2’ (Université Notre Dame d’Haïti / FSESP )
(+509)3201-33-83
(+509)4353-81-63 / Whatsapp
Email : blayterj2@gmail.com
Très beau texte , riche en information . J’aimerais bien lire une étude aussi sur le niveau de vie à Haiti