Rareté de carburant: l’exécutif mis sur le banc des accusés menace les propriétaires des pompes à essence
3 min readLe Ministre du commerce et de l’industrie, Jonas Coffy, avait accordé, le 14 janvier 2020, moins de deux heures à toutes les stations de service pour rouvrir leurs portes en vue d’éviter tout ennui. Pour justifier sa position, le titulaire du MCI soutient que les propriétaires font exprès en utilisant de fallacieux prétextes pour alimenter le marché noir. Des accusations démenties par les propriétaires et les syndicalistes.
N’était-ce pas l’accalmie du weekend dernier, on aurait cumulé trois semaines, sans répit, de rareté de carburant dans le pays. Jusqu’au vendredi 8 janvier 2021, on achetait le gallon de gazoline sur le marché informel à 1500 gourdes. À Léogâne particulièrement, le rebondissement de la situation porte déjà le prix du gallon à 1000 gourdes. Une situation qui révolte les consommateurs ne sachant pas à quel saint se vouer.
L’État haïtien toujours aux abonnés absents impute la responsabilité aux propriétaires des pompes à essence qui, selon le numéro un du MCI, Jonas Coffy, organisent une rareté artificielle pour alimenter ce qu’il appelle « une spéculation illicite ». D’après le ministre, il y a assez de carburants disponibles et, par conséquent, il n’accorde que deux heures aux pompes pour rouvrir leurs portes. Sinon, les propriétaires récalcitrants, qui insistent dans la rareté, seront sanctionnés,conformément aux dispositions de la loi du 20 décembre 1946.
Les concernés n’ont pas pris du temps pour recadrer le ministre et faire le point sur la question. « Il y a certes une bonne quantité de ce produit disponible, mais on ne peut pas s’en procurer », précise un propriétaire de pompe. L’homme d’affaire ajoute qu’il a placé vainement plusieurs commandes sans recevoir de livraison. La réserve disponible est destinée,a-t-il confié, à l’alimentation des grandes compagnies. Il informe, par ailleurs, qu’au niveau des terminales, le produit est fixé à un double prix : le prix normal pour les distributeurs et un prix excédent pour les non-distributeurs. Il en a profité pour fustiger l’État haïtien qui est, sans conteste, le cerveau du désordre.
Intervenant sur une station sœur, le ministre avait nié qu’il existerait de produits pétroliers de mauvaise qualité en vente dans certaines pompes. Il demande, à cet effet, que les victimes portent plainte au MCI. Le ministrepeutêtre de bonne foi, mais le syndicaliste, Méhu Changeux, n’a pas utilisé la langue de bois pour soutenir que l’État est au parfum que le carburant qu’il importe est de mauvaise qualité.
Revenant sur la crise, il pense que l’administrationen place n’agit pas en toute transparence sur cette rareté qui devient récurrente. Il ne se soucie guère de la proposition des syndicats qui optaient pour une commission indépendante constituée de représentants de ce gouvernement, des consommateurs et des vendeurs. Le syndicaliste dit regretter que, malgré la signature d’un protocole d’accord sur le contrôle de la qualité du carburant, l’exécutif ne bouge pas. « Il faut que ces jeux mesquins finissent. Nous avons rencontré le MCI, le BMPAD, le chef de l’État autour d’un projet visant à déconcentrer la capitale en créant des citernes départementales. Le dossier reste lettre morte », reproche M. Changeux, arguant que si quelqu’un accepte de majorer le prix de la gazoline, il en aura à profusion.
Notons que depuis l’ultimatum du ministre, la rédaction a constaté une légère amélioration dans la distribution du gaz. Quelques-unes des pompes de service avaient ouvert leurs portes pour desservir la population.
La rédaction
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