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Sombres perspectives!

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Trente-trois ans déjà, l’on fait encore du surplace. Le beau rêve ayant stimulé l’enthousiasme de la nation haïtienne pour rompre avec le système autoritaire de Duvalier n’est, malheureusement,  jusqu’ici concrétisé. Si l’on a un petit peu libérer la parole, Haïti est loin d’instaurer ce système dite démocratique qu’elle veut expérimenter.

Ici, il s’agit de deux époques différentes. Un temps où la loi était personnifiée (en Duvalier) contre une période où chacun à sa propre loi (l’expérience post Duvalier). De la dictature féroce, Haïti laisse lui échapper la démocratie qu’elle, au préalable, avait voulu expérimenter. Les conséquences qui y découlent sont tellement négatives au point même d’observer au quotidien une société en decrescendo. À tous les points de vue la société n’a pas progressé. Notre fierté, dommage, dépend du passé. On est nostalgique de notre histoire.

Il ne suffit pas d’être un intellectuel raffiné, un savant du livre, quelqu’un qui sait lire entre les lignes pour comprendre que la démocratie est la dictature des lois. Qu’on ne peut pas dissocier démocratie de l’état de droit. Et que l’État de droit implique le principe de la hiérarchie des normes (lois).

En 1987, Haïti a creusé la tombe de la parole unitaire.  » baboukèt la tonbe », était le slogan le plus en vogue comme si la dictature se résumait seulement au principe de la parole censurée. Tout le monde à la liberté de s’exprimer, la nouvelle version de notre communauté. L’on a décidé d’un cadre légal pour la matérialisation de cette nouvelle doctrine (la constitution de 1987) garantissant pas mal de droits à la nation haïtienne fraichement affranchie d’environ 30 ans de dictature. Malgré, en lieu et place de la liberté, le libertinage prend le dessus.

« Konstitisyon se papye bayonèt se fè » on est encore à ce stade de l’histoire. La constitution ne vaut rien quand les rapaces politiques cherchent à satisfaire leurs intérêts mesquins. De nos jours c’est la  ‘’baillonette’’qui donne le ton. La constitution pour gérer les apparences, les armes et les civils armés pour garantir la prise ou la conservation du pouvoir. La population pour faire diversion sur le macadam. Les lois et les gens sont manipulés à volonté. Makouts, OPS, gangs, ce ne sont que les qualificatifs qui évoluent. Les pratiques restent les mêmes. Chaque camp politique en a ses propres attachés. Le respect de la loi c’est pour alimenter les salons.

Aujourd’hui l’éternel débat refait surface avec la question du 7 février 2021 avec au centre la constitution considérée pour certains comme dépassée. Des acteurs en  réclament une  autre et  d’autres pensent qu’un amendement suffirait. Quel que soit la position exprimée, il est évident que la constitution comporte des failles. Pire dans ce scénario personne n’est intéressée à corriger les fautes.

Pour le moment le pays plonge aveuglement vers un 7 février 2021 catastrophique. Des positions contradictoires se font valoir autour de cette épineuse question. La constitution n’élucide rien. Au nom de la constitution les pro-Jovenel défendent le mandat présidentiel. Sur la base de cette même constitution les opposants exigent le départ. Comme à l’ordinaire, le juste milieu est conseillé : un dialogue. Ce qui signifie que la constitution ne fait plus autorité. Dans cette impasse, le pays risque gros dans les 7 mois à venir.

Pas question de revenir sur la problématique du droit en Haïti. Mais, à bien observer les enjeux les perspectives vers le 7 février 2021 se révèlent sombres. Avec d’une part un gouvernement extrêmement décrié et d’autre part, une opposition incohérente et sans engagement. Au terme des sept prochains mois l’exécutif risque d’amplifier cette méfiance populaire davantage et, si ce sera le cas ce sera la catastrophe. On a beau essayé les compromis politiques basés sur la traitrise, faisons le dépassement de soi pour laisser le pays diriger suivant ses lois.

La loi est certes  faite pour être interprétée. Mais renforçons la justice pour qu’elle fasse respecter les principes. La démocratie ne donne pas libre court à tout venant de s’imaginer président ou Roi, ministre ou DG. L’usurpation de titre est un crime. Violé la loi est une infraction. La liberté à ses limites. Que le cordonnier répare les souliers, l’avocat défendre la loi, le maçon érige les édifices. Chacun dans son rôle pour que l’amateurisme soit banni et que les règles de loi retrouvent toutes leurs puissances et leurs valeurs.

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