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Le danger de notre système démocratique

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En théorie, la démocratie se repose sur une base constituée de trois pouvoirs: l’exécutif, le législatif et le pouvoir  judiciaire. Ils sont tous indépendants les uns des autres et exécutent leurs missions respectives sans interférence d’aucun des deux autres.

En Haïti, cette République de confusion, c’est l’amalgame. L’exécutif empiète sur les deux autres. Les députés et les sénateurs, pour la majorité au solde du gouvernement, vendent souvent, pour des bols crasseux, l’autonomie de ce pouvoir. En dépit de tout, le pouvoir législatif garde une certaine distance même si en réalité l’on ne peut pas identifier cette ligne qui limite la dépendance de ce pouvoir par rapport à l’exécutif.

Quant au pouvoir judiciaire, celui-ci n’existe que de nom. S’il se révèle en particulier le noyau de la mise en branle d’un état de droit effectif dans le pays, il fonctionne depuis des lustres dans l’ombre de l’exécutif. Il en dépendait grandement. Pour éviter de dire qu’il est considéré comme un ministère mais, en réalité un ministère n’a rien à envier  à ce pouvoir qui exerce la justice dans la crasse dans le pays. Il est une manette entre les mains de ceux qui exercent le pouvoir exécutif.

Normalement, l’instance suprême de ce pouvoir devrait être le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Cette instance vraisemblablement est vassalisée, contrôlée entièrement par l’exécutif. Ce n’est qu’une institution figurante. Elle ne contrôle rien, même pas la nomination des juges. L’exécutif en dernier ressort décide à cet effet.  Conséquence: à chaque ouverture d’une nouvelle année judiciaire, l’occasion à un scandale. Certains juges sont nommés tandis que les dossiers de certains autres sont restés coincés sans suite favorable.

Vu l’importance de ce pouvoir, qui, malgré, la rage de la corruption, il devait avoir un meilleur traitement. En fait, il ne date pas d’hier que les éléments du système judiciaire réclament une meilleure part dans les budgets nationaux. Le montant alloué au pouvoir judiciaire est en général insignifiant pour une institution si importante qui essaie, au même titre que la PNH, de faire œuvres qui vaillent sans moyens logistiques, financiers, matériels, entre autres.

En tant que bouclier de la nation, l’exécutif, peut être friand de la corruption, a tout fait pour maintenir ce pouvoir dans la dépendance. La femme aux yeux bandés en situation de grandes vulnérabilités a le choix entre rendre justice avec les yeux grand ouverts ou replier les soutanes et livrer la nation à la boucherie. Tellement traitée en parents pauvres, la justice haïtienne est devenue l’une des institutions les plus décriées du pays. La justice est souvent rendue aux plus offrants. De l’enquête se poursuit, l’on passe à : « ale pa refè sa anko ». Le pouvoir exécutif casse les pieds du pouvoir  judiciaire.  » kase fèy kouvri sa », notre funestre horizon.

Avec 0,8% du budget récemment adopté, les magistrats semblent sortir de leur léthargie en paralysant totalement le système. Ils ne sont pas à leur premier coup d’essai, mais cette fois-ci, ils retrouvent la cohérence nécessaire. Le personnel souffre, les tribunaux sont logés dans des tordis répugnants un peu partout sur le territoire et, souvent sans capacités logistiques pour rendre justice comme ça droit. Traitant généralement des dossiers délicats, ils ne sont pas à même de protéger leurs arrières. C’est la précarité totale alors qu’on arrête de parler d’État de droit, de République démocratique, entre autres.

Quoi qu’on dise, c’est une tactique payante puisqu’elle engendre un conflit politique qui peine à se solutionner. L’on dirait que toutes les lois haïtiennes ont été mal écrites. Les administrations se suivent, les discussions restent intactes. Toujours et encore des accusations de corruptions flagrantes, des articles de la constitution mal interprétés, des lois électorales pas du tout claires. Tous en profitent, tous en critiquent, personne ne fait rien pour remettre les pendules à l’heure. L’avenir de la nation nage dans des eaux troubles.

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