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Trump et la fureur de vaincre à tout prix

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Ces cheveux en lance-flamme annoncent le chaos

Depuis 75 ans, après une certaine paix relative, découlant de la fin de la seconde guerre, nul ne s’attendait à voir surgir, à la direction des USA, un tyrannique comme Donald Trump. Narcissique jusqu’au bout des doigts, les « mèches de cheveux en forme de lance-flamme » la vie de ce numéro n’était rien d’autre qu’un château de cartes, bâti sur du sable mouvant. Flairant une fin de carrière explosive et humiliante, pour lui et sa famille, il a choisi la présidence et son immunité providentielle pour surfer entre les mailles du filet qui menace de l’engloutir, tandis qu’une pandémie s’est invitée dans le décor.

Le comportement loufoque et irresponsable du personnage a fragilisé la démocratie et les institutions, au point que sa nièce, Mary Trump1, psychologue clinicienne, avait prophétisé que son oncle irait en prison après le 21 janvier 2020. J’ajouterais, par gentillesse, dans un asile de sociopathes.

Voyons de plus près le chemin qu’ont failli suivre l’Amérique et le monde, dans une analyse objective des évènements essentiels, durant ces quatre années de cauchemars et d’énervements qui ont failli bousiller l’avenir.

Tout d’abord l’élection

Aucune personne sensée ne s’attendait à ce scénario, à la Maison Blanche, même par accident. Avec l’aide des Russes, Trump a muselé et détruit Hilary Clinton. Le procureur spécial Robert Mueller avait conclu en 2019, après enquêtes, que l’ingérence soviétique en faveur du candidat républicain avait été « systématique » et de « grande envergure ». Ses sbires, Paul Manafort et Roger Stone, qui avaient refusé de collaborer à l’enquête russe du procureur spécial, viennent de bénéficier de la grâce présidentielle. Ce qui indisposa le sénateur républicain du Nebraska, Ben Sasse, qui rétorqua, le 23 décembre écoulé, par cette cinglante rebuffade : « C’est pourri jusqu’à la moelle ». Et à Andrew Weissmann, un autre membre de l’équipe Mueller, de renchérir : « Les grâces de ce président sont ce que vous devriez vous attendre à obtenir si vous accordiez le pouvoir de grâce à un chef de la Mafia2 ». C’est très fort !

Jouant sur les appréhensions de la société, évoquant le noyautage de la nation par l’immigration venue du sud, Trump a fini par envoûter et drainer vers les urnes un tas de votants, qui ont fait le deuil de leur jugement. Dans son livre, « Théorie de la folie des masses », l’auteur Herman Broch, un juif autrichien, en analysant la folie nazie (39-45), a remarqué à bon escient, qu’un « leader démagogue, démoniaque, mène les masses vers la perte de leur rationalité en s’adressant à leurs peurs et à leurs instincts, en excitant leurs pulsions les plus primitives ». Ne reconnaissez-vous pas notre milliardaire dans cette conclusion ?

De son instinct mafieux, ce président était déjà passé maître dans l’art des combines. Bien avant, dans les bas-fonds des coups tordus, il a obtenu son doctorat, au point que tous ses acolytes allaient finir en prison, sauf lui. Par conséquent, pour se protéger de cette fatale éventualité, le pouvoir suprême, la présidence des États-Unis, avec son immunité constitutionnelle, se révélait le tremplin idéal qui lui permettrait d’échapper à cette déchéance annoncée et de conserver son prestige intact, quitte à foutre le bordel dans le monde entier.

Et c’est là que sa nièce se manifesta, de nouveau, deux jours après l’élection présidentielle du 3 novembre 2020, pour une mise en garde mordante : « Mon oncle panique. Une des choses dont vous devez vous rappeler à son sujet, s’il pense qu’il va tomber, il va tenter de nous entraîner dans sa chute ». Et il a vraiment tenté le diable, mais ce dernier était très sage, cette fois-ci. Le 18 décembre, Il aurait évoqué l’utilisation de la « loi martiale pour confier le pouvoir aux militaires aux fins de refaire l’élection ». Ce qu’il a nié laconiquement par la suite.

Il s’est cambré contre le dernier budget de 900 milliards, accepté par les deux chambres, pour maintenir à flot les services gouvernementaux et voler au secours des sinistrés de la Covid-19. Dans quel but ? Rêvait-il de la résurgence d’une guerre civile ou de la destruction du parti républicain qui, selon lui, ne s’est pas assez battu pour renverser la vapeur ?

L’ancien promoteur immobilier nous laisse avec l’impression que, s’il possédait ce pouvoir sans partage, il serait un totalitariste, à l’instar du « tyran rouge » Joseph Staline, le boucher de l’Union Soviétique au début du XXème siècle, ou d’un Francisco Franco de l’Espagne, qui trempait son toast dans son café au déjeuner, tout en signant, en souriant, des dizaines d’arrêt de mort.

Il n’avait confiance en personne et n’avait d’yeux que pour les dictateurs contemporains, à l’image d’un Poutine de la Russie, d’un Kim Jong Un de la Corée du Nord, d’un Erdogan de la Turquie, et d’un Eduardo Duterte de Philippine, etc.

 Il se voyait déjà le roi des rois, adulé et glorifié, surtout quand il déclara d’un ton désinvolte qui faisait rougir la planète à propos du cache-visage qu’il ne voulait pas utiliser : « Les grands présidents ne portent pas de masque ». La terre entière avait pouffé de rire et les caricaturistes s’en étaient donnés à cœur joie de ce triste clown. Dans notre savoureux créole, on le coifferait du titre de « Péteur de tête3 ».

La nomination d’un carnaval de juges

 Dans l’éthique mafieuse, il fallait contrôler le Judiciaire, l’un des trois principaux pouvoirs aux USA. Une fois les juges en poche, l’affaire serait ketchup, comme dans tous les pays très corrompus, où la magouille demeure la formule magique pour ouvrir la caverne d’Alibaba. Ainsi, d’entrée de jeu, en 4 ans, notre souverain nomma 200 nouveaux juges à tous les niveaux du système judiciaire. Son ultime et hâtive prise fut la nomination de la juge Amy Coney Barrett à la Cour Suprême.

Dans ce plan machiavélique, le train de la contestation juridique serait privilégié pour sortir de la gare en cas d’échec électoral. De là à faire retentir les fausses sirènes de la fraude, bien avant les élections, il n’y avait qu’un pas à franchir. Tout baignait dans l’huile dans la psyché de notre comédien pastiche, qui se voyait déjà président à vie, comme l’avait dénoncé un ancien gouverneur du Massachusetts, croyant détecter, sommeillant en lui, le rêve d’un certain François Duvalier.

Caressait-il l’intention de jouer avec l’armée et la CIA pour parvenir à ses fins? La révocation humiliante de Comey, un ancien directeur du FBI, et sa pression constante sur Bolton, jusqu’à sa révocation, en disaient long sur son désir de domination, en faisant trembler sa base de fonctionnaires de service.

Mais, son exhibition, bible en évidence, lorsqu’avec l’aide des soldats d’infanterie il a frayé un passage à travers les manifestants pour se diriger vers l’église limitrophe de la Maison Blanche, en vue de se prendre en photo, fut une gaffe prémonitoire. Plusieurs hauts gradés de l’armée s’étaient offusqués de cette utilisation malencontreuse des militaires dans une mise en scène digne d’Hollywood. C’était peut-être le premier coup de semonce qui lui indiqua que la route de la conquête du « pouvoir à vie » ne serait point parsemée de pétales bleues. Si c’était un coup d’essai pour tâter le pouls de ces hommes d’honneur, il a perdu la première manche.

Quant à son administration de la présidence, son contrôle était effectué au rythme des promotions adossées à une loyauté absolue à obtenir de tous les nominés sous peine de révocation brutale, à titre d’avertissements. C’est ainsi que toute une ribambelle de cadres, une quarantaine dans les faits, ont été révoqués, en vue de terroriser les futurs prospects, trop heureux d’occuper les postes vacants. Dans les faits, l’allégeance des survivants ne se fit pas attendre. L’allure d’un William Barr, ou d’un Mike Pompéo, est une preuve flagrante de la réussite méthodique de cette pression tous azimuts.

Qui aurait pu imaginer l’existence d’un phénomène de cette trempe dans ce siècle éclairé ? Dans nos livres d’histoire, nous avons fait la connaissance d’aventuristes qui ont provoqué des génocides effroyables, des atrocités de masse, mais pas à l’ère de l’électronique où la vitesse de l’information se développe à un rythme exponentiel.

Des juges au caractère bien trempé avec le sens de la démocratie

 Heureusement dans ce pays évoluent des femmes et des hommes intègres. Donc, le milliardaire s’est trompé de leçons. L’échafaudage s’est effondré comme un bloc de glace. Aucun des juges parachutés n’a pas franchi la porte du train. Tous, indistinctement, ont rejeté ses requêtes farfelues après son échec électoral. La conversion de sa nation en république de banane n’a pas respecté la promesse des semences plantées hors saison. La solution mafieuse importée a connu un échec cuisant. Le vendredi 4 décembre, la ronde des cours juridiques se termina abruptement dans les halles de la Cour Suprême des USA, qui a refusé catégoriquement d’entendre les requêtes des Texans, qui se croyaient encore au Far-West. Le monde entier a poussé un « ouf » de soulagement. Les juges ont fait litière de l’appréhension d’une possible explosion de colère généralisée.

Le César au « teint orangé », avait-il l’intention de conquérir le monde, à l’instar d’Hitler, comme quelques observateurs le prétendaient ? Attaquerait-il l’Iran, pour plaire à Israël, pour débuter ? Sa brouille avec ses voisins limitrophes, autrefois des pays amis, tels le Canada, le Mexique, sa décision de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, le qualifiant « d’injuste et partial », l’élimination de l’entente signée avec Cuba, sa brouille commerciale avec la Chine, la pluie de sanctions, et l’arrestation de la directrice de Huawei etc…, tous ces signes avant-coureurs, n’étaient-ils pas des indices annonciateurs de la 3ème guerre mondiale appréhendée ?

Il revient à l’Histoire d’y voir clair et de nous le confirmer. Si oui, nous avons sauvé notre peau de peu. Nous l’avons vraiment échappé belle.

Après 4 années d’étonnements en cascades et de turbulences politiques, le monde entier a retenu son souffle en s’avisant de laisser le malade se noyer tout seul, dans le profil négatif de son bilan de vie, bâti sur les fausses monnaies de ses chimères. En soulignant son désarroi et son inquiétude aux Américains, dans des messages subliminaux, aux fins de ne pas reconduire ce farfelu au timon des affaires de leur pays, la terre entière vient de se libérer d’un danger exogène, venu d’une autre planète. Le message a été entendu, au point qu’un nombre effarant de votants avait pris d’assaut les urnes pour barrer la route à ce champion de la démesure, pour le bonheur de l’humanité. Aux tribunaux maintenant de le mettre en lieu sûr : En prison ! Comme l’entend sa nièce. Et qu’on jette la clé.

Malheureusement, nous pourrons affirmer que nous n’aurons jamais ce loisir de nous délecter de cet ultime scénario rationaliste, car la Constitution américaine protège assez bien ses présidents. Donald Trump en était bien imbu, avant son ascension. Et il en profita pour poser un geste, historiquement négatif, jamais vu dans les annales de cette Maison Blanche : absoudre sa famille en la protégeant contre toute velléité judiciaire hypothétique avant son adieu. Li pa égaré4

Max Dorismond

Mx20005@yahoo.ca

Note

1 – Mary Trump : Psychologue clinicienne et auteur. Son livre sur son oncle, « Too much and never enough » (Trop et jamais assez), nous a fait voir de toutes les couleurs sur notre homme.

2 – Journal « La Presse » Montréal, Qc.

3 – « Péteur de tête » : se dit de quelqu’un, d’une grande gueule, qui se pète les bretelles, qui se berce d’illusion.

4 – Expression « savoureuse » en créole décrivant un idiot, un imbécile trop sûr de lui qui se prend pour le Pic de la Mirandole.

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