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Une levée de boucliers contre le gouvernement qui veut augmenter les prix du carburant

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Comme pour convaincre l’opinion publique sur la nécessité de revoir à la hausse les prix du carburant dans les pompes, plusieurs ministres du gouvernement en place ont arpenté les médias de la capitale cette semaine. S’il n’y a pas encore eu de décision arrêtée pour le moment, les réflexions se poursuivent au plus haut niveau de l’Etat autour de la question.

La décision est nécessaire selon les membres du gouvernement. « L’augmentation des prix de l’essence est une obligation, une nécessité impérieuse », a expliqué le ministre du commerce Ricardin Saint Jean, laissant entendre qu’aucune date na encore été fixée pour l’application des nouveaux tarifs.

« Il y a des mesures de compensation pour les couches vulnérables qui sont à l’étude »,a poursuivi le ministre, précisant que la subvention des produits pétroliers  est intenable pour l’Etat haïtien. Le Premier ministre a fait état d’un déficit budgétaire de 72 milliards de gourdes pour l’exercice fiscal 2021-2021 précisant que 30 milliards de ces fonds manquants ont été absorbées par la subvention des produits pétroliers.

Cette subvention pourrait atteindre près de 60 à 90 milliards de gourdes dans un avenir proche, selon des économistes, a prévenu Ariel Henry ajoutant que ces fonds pourraient être utilisés de vue de réaliser des projets socio-économiques tels que faciliter l’accès à l’école à 500 mille enfants en âge d’être scolarisés.

Toutefois, le chef du gouvernement a pris l’engagement de lutter contre la corruption et assurer une gestion rationnelle des maigres ressources publiques. L’éventuelle augmentation des prix des l’essence a provoqué une levée de boucliers de la part de certains économistes et des syndicalistes du secteur des transports en communs.

Le professeur d’universités Eddy Labossière a qualifié de plaisanterie de très mauvais gout, une éventuelle majoration des prix du carburant à la pompe envisagée par le Premier ministre. « Environ 80% de la population croupissent dans la crasse et la pauvreté en aucun cas ils ne pourraient absorber un choc aussi percutant», a souligné le premier ministre, faisant allusion aux émeutes des 6 et 7 juillet 2018 provoquées par l’administration Moise/Lafontant qui avait décidé de revoir à la hausse les prix des produits pétroliers.

« Les scènes de pillage qui s’en étaient suivies étaient lourdes de conséquences pour une économie déjà exsangue », a déploré l’universitaire qui a toutefois reconnu l’appréciation du prix de l’essence sur le marché internationale. Il persiste et signe que la réalité socio-économique criante, alarmante et désastreuse du pays ne favorise du tout pas l’adoption d’une mesure par l’équipe gouvernementale.

« Le pétrole un produit hautement stratégique dont l’augmentation des prix va entrainer à coup sûr des répercussions sur l’ensemble des activités économiques. Le gouvernement doit concevoir un système de protection sociale au profit des couches les plus vulnérables de la population », a t-il rappelé.

Le professeur Labossière se prononce en faveur de la réduction du train de vie des autorités de l’Etat, de la refonte de la politique fiscale et de la dynamisation de la lutte contre la contrebande pour renflouer le trésor public en guise de recommandation.

De son côté, le syndicaliste Jacques Anderson Desroches se prononce contre éventuelle augmentation des prix de l’essence dans les stations de service. Il poursuit en indiquant que les autorités gouvernementales ne sauraient adopter une telle décision sans consulter au préalable tous les acteurs concernés en vue de rechercher la meilleure formule pour ne pas pénaliser davantage les démunis.

Plus loin, le syndicaliste  a pointé du doigt des membres du secteur privé des affaires dans la question de l’augmentation des prix du carburant sur le marché local. « Ces gens qui sont déjà économiquement des nantis, font pression sur le gouvernement en vue de l’adoption d’une telle mesure », a révélé Jacques Anderson Desroches qui a prévenu des lourdes conséquences d’une telle démarche sur la majorité des familles désœuvrées.

«Les syndicalistes sont en train d’œuvrer afin de soumettre au gouvernement plusieurs alternatives pour soulager les citoyens si toutefois une certaine hausse des produits pétroliers s’avère incontournable », a confié le syndicaliste appelant le gouvernement à puiser des fonds dans d’autres secteurs qui sont négligés pour des raisons inavouées.

Il est important de signaler que le probable ajustement devrait toucher tous les produits, le diesel, la gazoline et le kérosène. Toutefois les autorités haïtiennes sont préoccupées par le diesel.

Mario Sylvain

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