ven. Déc 13th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Port-au-Prince a dansé son carnaval en dépit de l’insécurité

3 min read

Alors que le pays fait face à une crise multidimensionnelle qui s’aggrave de jour en jour, sous les auspices de la Mairie de Port-au-Prince les festivités carnavalesques ont eu lieu cette année au Champ de Mars du 11 au 13 février 2024. Une situation qui suscite de l’indignation et de la honte pour certains citoyens haïtiens.

Le carnaval, un rituel annuel qui perd depuis un certain temps sa raison d’être dans le pays à cause de la conjoncture socio-politique et sécuritaire. Après environ 3 semaines de vives tensions, de crimes et de violentes manifestations pour exiger le départ du Premier Ministre Ariel Henry, le peuple s’est rendu au Champ de Mars pour danser malgré l’insécurité, l’insalubrité et les kidnappings. À l’occasion de ces trois jours, la capitale a été le théâtre d’activités carnavalesques, notamment de défilés de bandes à pied, de danses et de réjouissances traditionnelles. Les carnavaliers ont défilé au rythme des meringues de DJ qui ont animé les festivités pendant les trois jours, notamment DJ constant, DJ Anthony, DJ Cash Cash, entre autres.

Parallèlement, certains participants se sont montrés très critiques par rapport à la réalisation de cette activité. Une carnavalière participant aux défilés, interrogé par “Jounal Kreyol”, explique qu’elle a pris part aux activités juste pour faire son boulot, mais les conditions ne sont pas favorables compte tenu de la situation actuelle. « Mwen vi n danse, se ti kòb la m vin fè paske m gen pwoblèm, se yon sitiyasyon m ap sove. Men m pa fè sa ak tout kè m, paske pwoblèm ensekirite a mete dlo nan je nou chak jou, pa gen kè kontan vre », déclare-t-elle.

Selon la chanteuse Anie Alerte, ceux qui participent au carnaval sont encore plus criminels. « Moun ki leve ki al nan kanaval yo nou pi kriminel toujou, yon mairie si gouvènman voye lajan pou w fè knaval utilize kòb sa fè yon gwo kantin public pou semaine nan, Ariel rache manyòk ou lanmioud », a écrit l’artiste dans une publication sur sa page officielle Facebook.

L’artiste a également exprimé sa colère à l’égard du gouvernement en place qui ne se rend pas compte de la situation des milliers de gens contraints de quitter leurs maisons en raison de la recrudescence de la violence des gangs. « Pandan nap trete tout lòt sujè sou internet la, gen anpil fanmi kap kouri kite lakay yo anba pression ak bri bal, san espwa kote yo pral dòmi. @arielhenry ou wè clairement abse a pete nan main ou, ou paka fè anyen pou peyi a, pa fè wont sèvi kòlè bay vag non patizan. Ou San pitye ».

Le coordonnateur général du mouvement Point Final, Ulysse Jean Chenet, pour sa part, estime que cette décision de réaliser les festivités carnavalesques sans tenir compte de la situation actuelle de la population et du climat de sécurité est un signe de non-respect de la dignité humaine. « Le moment n’est pas à la danse, aux festivités, au gaspillage des ressources financières du pays. Le moment est plutôt au deuil des victimes, à la réflexion. Le carnaval dans une atmosphère insalubre, de peur, d’angoisse, de misère, de famine, d’insécurité et de traumatisme général, c’est vraiment un carnaval de la honte, le carnaval des sans pudeurs », lance-t-il, Soulignant l’importance de reformater la pensée des autorités haïtiennes qui ne manifestent aucun respect pour le peuple haïtien en blâmant le Premier Ministre Ariel Henry et la Ministre de la culture qui ne manifestent aucune compassion par rapport aux bains de sang, aux kidnappings, aux viols, aux massacres et  homicides.

Il convient de rappeler malgré tout qu’une forte présence policière a été constatée dans les différents points fixes et les diverses zones stratégiques du Champ de Mars, durant le deuxième jour carnavalesque. Une pluie de balles déclenchée au Champ de Mars a fait au moins une victime, dont un chauffeur de Tap-tap qui est sorti blessé. Et un jour après la réalisation des festivités carnavalesques, un jeune policier (Roobens Lector) a été lâchement assassiné à la Rue Oswald Durand, par des individus non identifiés.

Marie-Alla Clerville

Laisser un commentaire